Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/188

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— Demoiselle, dit Huon, vous parlez en vain : vous êtes Sarrasine ; je ne puis avoir d’amour pour vous. Si je vous ai donné ces baisers, c’était pour obéir à Charlemagne et acquitter ma foi. Mais quand je devrais être emprisonné toute ma vie, je ne vous toucherais plus.

— C’est ton dernier mot ? dit-elle.

— Oui.

— Eh bien ! tu le paieras cher.

Elle sortit de la prison et appela le geôlier.

— Écoute-moi, dit-elle, je te défends, sous peine d’avoir les yeux crevés, de rien donner à manger à ce Français.

Pendant trois jours elle laissa Huon jeûner ; au quatrième jour, il se désespérait.

— Ah ! dit-il, je vais mourir de faim. Auberon, méchant nain, que Dieu te maudisse ! Tu m’as pris en haine pour bien peu de chose ; je n’aurais pas agi ainsi envers toi. Dieu sait que si j’ai menti, je l’ai fait sans y prendre garde.