Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/159

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ses cailloux. » Peu de temps après, il reçut la visite de madame de Verdelin, qu’il avait connue à Paris. Ayant appris les vexations dont il était victime, cette dame l’engagea vivement à quitter la Suisse. Elle lui parla beaucoup de Hume, qui était alors à Paris, de l’amitié qu’il avait pour lui, et de son désir de lui être utile dans son pays.

Peu de temps après l’établissement de Rousseau en Suisse, milord Maréchal lui avait fait aussi la proposition d’aller avec lui habiter l’Angleterre. Dans une lettre qu’il écrivait à madame de Boufflers, le vénérable Keith disait : « J’ai communiqué à Rousseau un projet (mais en le disant un château en Espagne), celui d’aller habiter une maison toute meublée que j’ai en Écosse ; d’engager le bon David Hume de vivre avec nous. Il devait y avoir une salle de compagnie ; car personne n’entrerait dans la chambre d’un autre, chacun ferait des règlements pour soi, tant pour le spirituel que pour le temporel : c’étaient toutes les lois de notre république, excepté que pour les dépenses de l’État, chacun devrait contribuer selon ses biens. Notre ami a fort goûté mon projet ; il aurait envie de l’exécuter, et moi de même, si je n’étais pas si vieux, et si ma terre n’était pas substituée. Une des raisons qui persuaderaient le plus Jean-Jacques à vouloir réaliser mon projet, est qu’il ignore la langue du pays. »

Cette lettre de milord Maréchal fait voir combien Rousseau était peu sociable, et elle montre en même temps que le projet d’habiter l’Angleterre datait de 1762.