Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/170

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ai parlé. Ils m’ont imputé les livres les plus abominables.

» … Si par malheur j’étais persécuté (ce qui est assez le partage des gens de lettres qui ont bien mérité de leur patrie), plusieurs souverains, à commencer par le pôle et à finir par le quarante-deuxième degré, m’offrent des asiles… »

Heureusement que l’anonymat mettait dans la plupart des cas les auteurs à l’abri de toute poursuite ; et qu’on était forcé de s’en tenir à décréter contre les livres, faute de connaître les écrivains. Cependant nous avons vu que Diderot et Morellet avaient payé de la prison quelques-uns de leurs écrits. Il fallait donc à d’Holbach et à ses collaborateurs une bonne dose de courage pour s’exposer aux persécutions, ou d’adresse pour les éviter.

Au nombre des hommes convaincus qui prêtaient au baron le concours le plus efficace, dans sa guerre contre ce qu’il appelait les préjugés et la superstition ; il en est un, Naigeon, qui se distinguait par son talent et son ardeur. Il n’appartenait que depuis quelques années à l’école philosophique. Né à Paris en 1738, il était trop jeune pour faire partie des premiers rédacteurs de l’Encyclopédie[1] ; mais par ses études il devait être un de ses continuateurs et l’un des plus zélés propagateurs des doctrines philosophiques qu’elle renfer-

  1. Pour l’Encyclopédie il avait fait, cependant, l’article Unitaire dont la hardiesse avait frappé Voltaire. (Voy. Lettre à Damilaville, du 12 mars 1766.)