Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/18

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dans les affections, cette persévérance dans les entreprises, cette fermeté dans les principes qui ont marqué sa maturité. Le contraire de ces qualités donnerait une idée plus vraie de son caractère pendant la première période de son existence. Dans une lettre à mademoiselle Voland, du 10 août 1759, il explique d’où vient aux habitants de Langres, en général, cette mobilité caractéristique : « Mes compatriotes, dit-il, ont beaucoup d’esprit, trop de vivacité, une inconstance de girouette ; cela résulte, je crois, des vicissitudes de leur atmosphère qui passe en vingt-quatre heures du froid au chaud, du calme à l’orage, du serein au pluvieux. Il est impossible que ces effets ne se fassent sentir sur eux, et que leurs âmes soient quelque temps de suite dans une même assiette. Elles s’accoutument ainsi, dès la plus tendre enfance, à tourner à tout vent. La tête d’un Langrois est sur les épaules comme un coq d’église au haut d’un clocher ; elle n’est jamais fixe dans un point ; et, si elle revient à celui qu’elle a quitté, ce n’est pas pour s’y arrêter. Avec une rapidité surprenante dans les mouvements, dans les désirs, dans les projets, dans les fantaisies, dans les idées, ils ont le parler lent. Pour moi, je suis de mon pays ; seulement, le séjour de la capitale et l’application assidue m’ont un peu corrigé. »

Cet aveu nous donnera la clef de l’espèce d’incohérence dont toutes les actions de Diderot portent l’empreinte, avant qu’il eût refait par lui-même son éducation, et qu’il eût acquis, par l’étude et la