Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/209

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faut le dire, qu’il avait faites des écrits de Buffon, de Montesquieu et d’Helvétius.

Il n’en fallait pas tant pour que le Patriarche, dont l’épiderme, comme on sait, était très-sensible, entrât en fureur. Il sentait bien que le coup ne pouvait venir de ses ennemis habituels. Il partait, en effet, d’une main plus ferme et plus exercée. Il s’adressa à tous ses amis de Paris pour savoir sur qui devait retomber sa colère. Un instant il soupçonna Diderot.

À tout hasard il écrivit, le 20 avril 1772, sa Lettre sur un écrit anonyme. Diderot ayant appris que Voltaire l’accusait d’avoir fait les Réflexions s’en défendit énergiquement et reçut du Patriarche la lettre suivante[1] qui prouve qu’à ce moment il en connaissait le véritable auteur : « Non, assurément, mon cher Philosophe, je ne vous ai jamais soupçonné d’avoir eu la moindre part à ce libelle que M. le Roy s’est diverti à faire contre moi. Il est très-permis sans doute de dire que je suis un plat auteur, un mauvais poète, un vieux radoteur ; mais il n’est pas honnête de dire que je suis jaloux et ingrat ; car, sur mon Dieu, je n’ai jamais été ni l’un ni l’autre.

» Je suis charmé que la petite leçon que M. le Roy m’a faite m’ait valu une de vos lettres, vous n’écrivez que dans les grandes occasions : vous consolez vos amis quand ils éprouvent des disgrâces. Je suis juste ; je n’en aime pas moins l’article Ins-

  1. En date du 17 mai 1772.