Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/210

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tinct, de M. le Roy, dans ce grand dictionnaire, sur lequel je vous fais, de mon côté, mes compliments de condoléance. J’en dois aussi à notre pauvre Académie. »

L’Académie était à cette époque divisée en deux parties : celle des chapeaux et des bonnets, c’est-à-dire des philosophes et de leurs ennemis. Au moment où Voltaire écrivait à Diderot, le parti des bonnets venait de remporter une victoire signalée : Delille et Suard n’avaient pu y entrer malgré l’appui des philosophes ; mais cet échec n’était pas irréparable ni le succès des bonnets définitif. Les philosophes, dans l’Académie comme en dehors d’elle, avaient pris des forces, et il est très-probable que si Diderot eût voulu en faire partie, il n’aurait pas trouvé alors l’opposition qu’il avait autrefois rencontrée. À son défaut, on y recevait de temps en temps la monnaie du Philosophe : Marmontel en faisait partie depuis 1764, Saint-Lambert y avait été admis en 1770, l’abbé Arnaud venait d’y entrer en 1771. On trouve dans la Correspondance de Diderot, à la date du 10 septembre 1768, une boutade contre la célèbre compagnie, qui prouve qu’il avait depuis longtemps renoncé à en faire partie. Il raconte à son amie une conversation qu’il avait eue avec deux Anglais, et dans laquelle ces étrangers remarquaient, à tort ou à raison, que notre langue avait atteint le dernier degré de perfection, tandis que la leur était restée presque barbare. « C’est, leur répliqua Diderot, que personne ne se mêle de la vôtre, et que nous avons quarante oies qui gardent le Capitole.