Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/22

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l’étude du procureur, M. Clément de Ris, son compatriote, chez qui il était en pension. Cette dernière équipée mit fin à l’indulgence de sa famille : son père, à bout de patience, supprima sa pension, et lui signifia d’avoir désormais à pourvoir lui-même à ses besoins.

Alors commença pour Diderot la période la plus difficile de son existence. Elle dura plusieurs années, pendant lesquelles il se vit quelquefois privé du plus strict nécessaire ; mais ce fut aussi l’époque des fortes études, de l’indépendance, et pour une nature comme la sienne, il y avait là des compensations très-réelles. Il employait la plus grande partie de son temps à se perfectionner dans la connaissance des langues et de la philosophie ancienne. Il apprit l’italien et fit sa lecture favorite des ouvrages anglais, surtout de ceux des libres-penseurs et des vulgarisateurs scientifiques, qui commencèrent à modifier profondément ses opinions ; enfin, il enseigna les mathématiques, qu’il aima toujours avec passion.

C’est à ce temps qu’il fait allusion dans le Neveu de Rameau :


RAMEAU.

Là, Monsieur le Philosophe, la main sur la conscience, parlez net, il y eut un temps où vous n’étiez pas cossu comme aujourd’hui.

DIDEROT.

Je ne le suis pas encore trop.

RAMEAU.

Vous n’iriez plus au Luxembourg en été, vous vous en souvenez ?