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Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/21

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même qui fit depuis, par la protection de madame de Pompadour, une fortune si imprévue). Sa figure heureuse, son naturel aimable et plus que tout cela sa bonne humeur, séduisirent Diderot, qui lui aussi était loin d’être enclin à la mélancolie. D’ailleurs, on ne connaissait pas encore cet état mental que depuis, quelques écrivains ont tant mis à la mode. Les deux jeunes gens dînaient ensemble, et la fille de Diderot, madame de Vandeul, a dit dans ses Mémoires qu’elle avait souvent entendu son père vanter la gaieté de ces repas.

Le côté enjoué, et même un peu espiègle, du caractère de Diderot, ne disparut jamais entièrement : il se trahira plus tard dans ses lettres à mademoiselle Voland et dans ses conversations chez d’Holbach ; pour le moment, il se faisait jour en saillies parfois très-risquées. Il a raconté lui-même que, passant devant le magasin de mademoiselle Babuti, la jolie libraire du quai des Augustins, qui devint ensuite madame Greuze, il entrait quelquefois, avec cet air vif, ardent et fou qu’il avait, et lui demandait, un jour les Contes de la Fontaine, un autre Pétrone, etc.

On voit qu’il n’avait pas alors les dispositions d’un futur prêtre ; aussi avait-il renoncé à cet état. L’idée lui était venue de se faire avocat. Il se disait sans doute que soit en robe soit en soutane, il pourrait toujours donner carrière à son éloquence naturelle. Cependant, il ne devait être ni prêtre ni avocat. De même qu’il avait jadis quitté le collége de Langres pour prendre le tablier de coutelier, il laissa