Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/228

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Depuis son retour de Russie, le Philosophe n’était pas resté inactif. Toutefois, il ne devait rien produire d’aussi fort que ses premiers ouvrages. Nous avons vu que son voyage en Russie l’avait beaucoup fatigué, et la sensibilité dont il se plaint était déjà le signe d’un certain affaiblissement de ses facultés mentales. Bien qu’il eût encore toute son imagination, ses productions n’auront plus la profondeur que nous avons constatée dans ses œuvres antérieures et il ne sera plus susceptible de ce degré d’abstraction continue qui caractérise la force intellectuelle. C’est cette époque qu’il faut assigner à la composition de Jacques le Fataliste, la Religieuse et d’autres romans moins connus. Parmi ces derniers, il en est un qui doit cependant attirer l’attention : il est de 1773 et porte le titre d’Entretien d’un père avec ses enfants, ou du danger de se mettre au-dessus des lois. Dans cet opuscule se trouve cette maxime, si dangereuse dans la pratique : « Il n’y a pas de lois pour le sage. » Sans doute cet aphorisme est vrai au fond, s’il signifie que si le sage réglait lui-même sa conduite en chaque cas particulier, d’après la connaissance du bien et du mal, ses actions auraient un caractère de justice bien plus précis que la loi, qui ne peut avoir en vue que

    et gras et ne recevaient jamais de coups de fouet, et que, depuis que l’un d’eux s’avisa de manger trop d’avoine, tous ses descendants furent condamnés à traîner des fiacres. (Voy. Lettre à la Condamine.) Frédéric II, en parlant des croyances de Voltaire, écrivait à d’Alembert : « Il voudrait bien douter de Dieu, mais il craint le fagot. »