Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/245

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du coin du roi. Gluckistes et Piccinistes sont en lutte ouverte comme autrefois Lullistes et Bouffonistes. À la cour on enchérit sur les frivolités du dernier règne. À la ville, plus de salons. Aucune femme distinguée n’a remplacé madame Geoffrin, mademoiselle de Lespinasse, madame du Deffand. Les dames font du parfilage ; ou bien, obéissant à la plus honteuse crédulité, elles vont former la chaîne autour du baquet de Mesmer[1].

Cependant l’œuvre des encyclopédistes ne pouvait périr. Quelques hommes éminents étaient entrés déjà dans la voie qu’ils avaient ouverte. Lavoisier avait fait ses immortelles découvertes, Cabanis et Condorcet allaient bientôt poser les bases qui devaient servir à la connaissance de l’homme et des sociétés.

D’Alembert ne devait pas survivre longtemps à ses deux amies. Il avait succombé le 29 octobre 1783, après de cruelles souffrances occasionnées par la pierre, dont il était atteint depuis plusieurs années.

Dans tous les portraits qu’on a faits du géomètre, on remarque quelque chose de maladif et d’inquiet,

  1. On lit dans la Correspondance de Grimm, à la date du mois de septembre 1780 : « M. Mesmer avait une lettre de recommandation pour M. le baron d’Holbach. Il y fut dîner peu de temps après son arrivée à Paris avec tous nos philosophes. Soit que lui-même, soit que ses auditeurs fussent mal préparés aux merveilleux effets du magnétisme, il ne fit ce jour-là aucune impression sur personne, et, depuis ce fâcheux contre-temps, il n’a plus reparu chez M. d’Holbach. »