Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

refusait pas. Un jour qu’ils étaient d’accord sur plusieurs points de morale, relatifs à l’humanité et aux bonnes œuvres, le curé se hasarda à faire entendre que s’il imprimait ces maximes et une petite rétractation de ses ouvrages, cela ferait un fort bel effet dans le monde. Je le crois, monsieur le curé, mais convenez que je ferais un impudent mensonge. Ma mère aurait donné sa vie pour que mon père crût, mais elle aimait mieux mourir que de l’engager à faire une seule action qu’elle pût regarder comme un sacrilège. Persuadée que mon père ne changerait jamais d’opinion, elle voulut lui épargner les persécutions, et jamais elle ne l’a laissé un seul instant tête-à-tête avec le curé ; nous le gardions l’une et l’autre[1].

» Dans cet état, le désir lui prit d’aller habiter la campagne. Un de ses amis, M. Belle, lui ayant offert une maison à Sèvres, il y resta pendant quelque temps. Mais voulant revenir à Paris, ses amis, son médecin, lui conseillèrent de ne pas continuer à habiter son ancien logement du quatrième étage de la rue Taranne. Grimm sollicita un logement de l’impératrice, elle l’accorda ; on lui donna un superbe appartement rue de Richelieu. Il désira quitter la campagne et venir l’habiter ; il en a joui douze jours ; il en était enchanté : ayant toujours logé dans un taudis, il se trouvait dans un palais. Mais le corps s’affaiblissait chaque jour ; la tête ne s’altérait pas ; il était bien persuadé de sa

  1. Voy. Mémoires de madame de Vandeul.