Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/44

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le théâtre de l’Opéra, « sans prévoir, dit Rousseau, l’effet qu’ils y allaient faire… La comparaison des deux musiques entendues le même jour sur le même théâtre, déboucha les oreilles françaises. » Il se forma aussitôt deux partis : l’un pour les bouffons italiens, qui s’appelait le coin de la reine, parce qu’il se rassemblait à l’Opéra, sous la loge de Marie-Leczinska ; l’autre, pour l’ancien opéra français et qui s’appelait le coin du roi, parce qu’il se plaçait sous la loge de Louis XV. Rousseau, pour qui la musique a été pendant plus de trente ans la principale occupation, et qui préparait alors son Devin du Village, prit parti pour la musique italienne. Mais celui qui engagea le premier la lutte fut Grimm.

Frédéric-Melchior Grimm naquit à Ratisbonne le 26 décembre 1723. Ses parents, pauvres et obscurs, s’imposèrent des privations pour donner à leur fils une éducation soignée. Ils furent bien récompensés de leur zèle, car il fit d’excellentes études à l’université de Leipzig. Son goût pour les arts et la littérature le fit apprécier du comte de Schomberg, qui lui confia ses enfants pour les conduire à Paris. Quelque temps après, il entra comme lecteur chez le prince héréditaire de Saxe-Gotha. C’est dans la maison du prince, à Fontenay-aux-Roses, que Rousseau le vit pour la première fois, en 1749, pendant la détention de Diderot à Vincennes : « On parla musique, dit Rousseau, il en parla bien. Je fus transporté d’aise en apprenant qu’il accompagnait du clavecin. Après le dîner, on fit apporter