Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/43

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des réunions plus frivoles, et même par des femmes. Qui ne se rappelle cette causerie chez madame d’Épinay, où madame de Jully, sa belle-sœur, à qui on demandait : — Vous ne croyez donc qu’en Dieu ? répondait — « Pas même en Dieu, ma petite mère, si vous voulez qu’on vous le dise. — Paix donc, ma sœur, si votre mari vous entendait ! — Qu’est-ce que cela fait donc ? c’est à son amant qu’il ne faut jamais dire qu’on ne croit pas en Dieu : mais à son mari, cela est bien égal. — Et pourquoi donc cette distinction ? — C’est qu’avec un amant on ne sait jamais ce qui peut arriver et qu’il faut se réserver une porte de dégagement. La dévotion, les scrupules, coupent court à tout ; il n’y a ni suites, ni éclat, ni emportement à redouter avec cette raison de changement. »

La prévoyante madame de Jully, qui avait imaginé ce beau prétexte de rupture, paraît s’être mise souvent dans le cas d’en faire usage : car après avoir aimé le charmant virtuose Jélyotte, elle prenait, peu de temps après, le goût le plus vif pour un certain chevalier de V***[1].

Un grave événement (il ne s’agit pas de la querelle de la Cour et du Parlement) agitait alors le monde parisien. Il était le sujet de toutes les conversations et souvent un motif de discussions et même de querelles.

Vers la fin de l’année 1752 était venue, à Paris, une troupe de chanteurs italiens qu’on fit jouer sur

  1. Madame de Jully mourut fort jeune, le 10 décembre 1752.