Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/89

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trente ans que son âme n’était que molle et point du tout sensible ; qu’il concentrait tout dans sa petite vanité ; qu’il avait l’esprit faible et le cœur dur ; qu’il était content, pourvu que la reine trouvât son style meilleur que celui de Moncrif et que deux femmes se le disputassent….. Je reprends toutes les louanges que je lui ai données.


Je chante la palinodie,
Sage du Deffand, je renie
Votre président et le mien,
À tout le monde il voulait plaire
Mais ce charlatan n’aimait rien ;
De plus, il disait son bréviaire[1].


On pourrait croire que la marquise se trouva offensée de cette exécution de son ami, mais il n’en fut rien ; Voltaire ne voulait pas la blesser, au contraire. Il savait qu’avant de mourir, le Président s’était rendu coupable d’une faute impardonnable : il avait oublié son amie dans son testament.

On sent combien des rapports continuels avec une pareille femme devaient être pénibles pour mademoiselle de Lespinasse. Néanmoins, elle souffrit en silence pendant près de douze ans ; mais en 1764, n’y tenant plus, elle rompit d’une manière éclatante avec sa prétendue protectrice. Les habitués du salon de la marquise du Deffand, trompant son espoir secret, suivirent presque tous, mademoiselle de Lespinasse dans sa retraite. Son cercle se trouva composé, outre d’Alembert, de

  1. Lettre du 16 décembre 1770.