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Batiment enterré. Bâtiment dont l’aire eſt plus baſſe que le rez de chauſſée d’une rue, d’une cour, ou d’un jardin, & dont les premières aſſiſes de pierre dure ſont cachées.

On appelle encore Bâtiment enterré, un Bâtiment qui eſt dominé par quelque hauteur d’une maiſon voiſine qui lui fait lunette, & dont il reçoit la décharge des eaux.

Batiment feint. C’eſt ſur un mur de clôture ou mitoyen, une décoration d’Architecture de pierre ou d’autre matiere, ſemblable à celle qui lui eſt reſpective, pour conſerver la ſymmétrie du circuit d’une cour ou d’un jardin, comme à l’hôtel de Beauvilliers, rue S. Avoye à Paris, où le Bâtiment n’a qu’une aîle. Cela ſe pratique encore aux Egliſes qui n’ont qu’un rang de chapelles, à l’oppoſite duquel on feint les mêmes clôtures & décorations de chapelles, comme à l’Egliſe des Carmélites du Fauxbourg S. Jaques, à Paris. Les ouvriers donnent le nom de Renard à ces ſortes de décorations, parce qu’elles trompent.

Batiment flanqué ou adoſſé. C’eſt un Bâtiment qui touche à quelque grand édifice, tels que ceux qui ſont mitoyens au Palais-Royal ou au Luxembourg, à Paris.

Batiment Hydraulique. C’eſt un Bâtiment deſtiné à contenir des machines pour élever les eaux, ſoit pour l’utilité publique, comme celui du Pont Nôtre-Dame à Paris, ſoit pour les embelliſſemens des Maiſons royales, tels que ſont les Bâtimens de la Samaritaine ſur le Pont-neuf à Paris, & de la Machine de Marly.

Batiment irrégulier. Bâtiment dont le plan n’eſt pas contenu dans des lignes égales ni parallèles, par quelque ſujétion ou accident de ſa ſituation, & dont les parties ne ſont pas relatives les unes aux autres dans ſon élévation.

Batiment iſolé. C’eſt un Bâtiment qui n’eſt attaché à aucun autre, & qui eſt entoure de rues & de places publiques, comme à Paris l’Hôtel royal des Invalides, & à Rome le Palais Farneſe.

Batiment particulier. On appelle ainſi un Bâtiment deſtiné a l’habitation d’un particulier, & proportionné à ſon état & à ſa condition. Tels font les Hôtels, les maiſons de Communauté, celles des Bourgeois, &c.

Batiment public. C’eſt un Bâtiment à l’uſage du public, comme les Temples, Egliſes, Hôpitaux, Sépultures, &c. pour la Religion ; les Palais où l’on rend la juſtice, les Hôtels de Ville, les Bourſes, les Banques, &c. pour les affaires ; les ponts, chauſſées, aqueducs, fontaines, &c. pour l’utilité ; & les arcs de triomphe, obeliſques, amphithéâtres, portiques, &c. pour la magnificence.

Batiment régulier. Bâtiment dont le plan eſt d’équerre, les côtés oppoſés égaux, & les parties diſpoſées avec ſymmétrie.

Batiment ruiné. C’eſt un Bâtiment qui, par ſucceſſion de tems, mauvais entretien, méchante fondation, conſtruction, ou mauvaiſe matiere, ou enfin par la déſolation de la guerre, eſt détruit en partie, & eſt tout à fait inhabitable.

Batiment ruſtique ou champêtre. On appelle ainſi les fermes, métairies, ménageries, &c. comme les moulins, baſſe-cours, granges, étables, &c.

BATIR, v. act. & neut. Ce terme pris en lui-même, & ſans le conſiderer comme exprimant un art, ce terme, dis-je, a trois ſignifications. Il déſigne tout à la fois & la dépenſe d’un Bâtiment, & l’invention du deſſein, & l’exécution. Ainſi on dit qu’un tel particulier a Bâti cet édifice, parce qu’il en a fait la dépenſe ; qu’un tel Architecte l’a Bâti, parce qu’il en a donné le deſſein, & qu’un Entrepreneur, un Maître Maçon Bâtit bien,. lorſque les bâtimens ſont conſtruits avec choix de bons matériaux, & avec le ſoin & la propreté que l’art demande. Nous entendons l’Art de Bâtir proprement dit. Ç’auroit été peut-être ici le lieu de preſcrire les régles de cet art : mais nous avons cru devoir les déduire aux articles Architecture & Batiment ; & après les renvois, que nous avons faits à ces articles, nous n’avons rien à ajouter à celui-ci. Nous nous contenterons de citer quatre Ouvrages où l’Art de Bâtir, tel que nous l’entendons ici, & que nous devons l’entendre, eſt bien développé : ce ſont les Livres ſuivans : l’Archi-