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importance. Au point de vue littéraire, elle est secondaire. — Je suis parvenu, par différents indices linguistiques ou extrinsèques, à localiser 72 fabliaux, soit la moitié des poèmes de notre collection[1] Ils se répartissent ainsi sur les pays de langue française :

Provinces du nord (Picardie, Artois, Ponthieu, Flandre, Hainaut) 
 38
Île de France (Beauvaisis, Beauce, etc.) et Orléanais 
 15
Normandie 
 10
Champagne (et Nivernais) 
 3
Angleterre 
 6

Total 
 72

Quel est le sens de cette statistique ? Sans doute les autres fabliaux, si j’étais parvenu à déterminer leur patrie, se répartiraient selon la même proportion entre les diverses provinces[2]. On peut remarquer, ici comme ailleurs, qu’il y a eu, dans la France du moyen âge, ce qu’on pourrait appeler un groupe de provinces littéraires, duquel paraissent exclues la Bourgogne, la Lorraine et le groupe Ouest et Sud-Ouest des pays de langue d’oïl. Sans attacher trop d’importance à ces statistiques, sera-t-il permis de remarquer aussi que plus de la moitié des fabliaux ainsi localisés appartiennent aux provinces du Nord, à la Picardie surtout ?

  1. V. l’appendice I.
  2. Sauf pour les fabliaux anglo-normands. Les traits linguistiques du français parlé en Angleterre sont si apparents que les six fabliaux attribués par nous à ce dialecte sont assurément les seuls de notre collection qui aient été rimes sur le sol anglais.