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MILLE ET UN JOURS

Arrivé en Westphalie, il subit un interrogatoire, naturellement :

— « Pourquoi ne vous êtes-vous pas rapporté plus tôt ? », lui demanda-t-on.

— « Parce que je suis Belge », répondit Werner.

— « C’est faux ! c’est faux ! vous êtes Allemand ! Votre père et votre mère sont Allemands. »

— « Je n’y contredis point en ce qui concerne mon père et ma mère, mais quant à moi, j’ai opté pour la nationalité belge, et je suis en possession de tous les papiers le démontrant. »

— « Laissez voir ces papiers ? »…

Aussitôt en possession de tous ces papiers, l’officier lui annonce qu’il ne saurait être question de le considérer comme sujet belge, qu’il était dès lors enrôlé dans l’armée allemande, et qu’il doit partir incessamment pour Berlin. Là, on le conduisit à la caserne du fameux régiment Alexander, le plus beau régiment de Prusse, — à ce qu’ils disent, — et dans lequel on n’accepte aucun sujet qui ait moins de six pieds de taille. Werner, pour sa part, avait six pieds et deux pouces.

On lui met l’uniforme, et il commence son entraînement. Comme il possède le français, l’allemand et le flamand à la perfection, on l’emploie au bureau du sergent-major, pour les écritures et la traduction. Il devient plus ou moins populaire parmi les officiers et les sous-officiers. On le croit même sincèrement converti aux idées allemandes.