Après vingt ans enfin je te revois ;
De mon village
Je vois la plage,
Je vois fumer la cime de nos toits.
Combien mon âme est attendrie !
Là furent mes premiers amours ;
Là ma mère m’attend toujours,
Salut à ma patrie !
Loin de mon berceau, jeune encore,
L’inconstance emporta mes pas
Jusqu’au sein des mers où l’aurore
Sourit aux plus riches climats.
France adorée !
Douce contrée !
Dieu te devait leurs fécondes chaleurs.
Toute l’année,
Là, brille ornée,
De fleurs, de fruits, et de fruits et de fleurs.
Mais là, ma jeunesse flétrie
Rêvait à des climats plus chers ;
Là, je regrettais nos hivers.
Salut à ma patrie !
J’ai pu me faire une famille,
Et des trésors m’étaient promis.
Sous un ciel où le sang pétille,
À mes vœux l’amour fut soumis.
France adorée !
Douce contrée !
Que de plaisirs quittés pour te revoir !
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