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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/170

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démonstrations royalistes, qui pourtant avaient déjà été faites plus en grand par une brillante cavalcade que dirigeaient les Duclos[1], les Maubreuil[2], des ducs, des marquis, des comtes de vieille roche et quelques intrigants empressés d’accourir pour avoir part au butin.

On sait que l’entrée des Russes et des Allemands se fit avec plus de courtoisie que les vainqueurs n’en mettent d’ordinaire. Nos ennemis semblaient se présenter chapeau bas dans la ville de Clovis, de saint Louis, d’Henri IV, de Louis XIV et de Napoléon, dans cette ville de la Constituante et de la Convention, où depuis des siècles s’élabore avec une activité incessante l’œuvre grande et sainte de la démocratie européenne. Les princes se rappelaient sans doute tout ce que la civilisation de leurs peuples et l’esprit de leurs cours nous avaient d’obligations. Presque tous les officiers de cette nombreuse armée parlaient la langue des vaincus, semblaient même n’en savoir point d’autre, si ce n’est quand il leur fallait réprimer les rares brutalités de quelques-uns de leurs soldats.

  1. Chodruc-Duclos, celui qui, sous Charles X, promena ses haillons sous les galeries du Palais-Royal, pour reprocher, chaque jour, et à la face de tous, leur ingratitude à ceux dont il avait servi la cause jusqu’à s’y ruiner.
  2. Celui qui fut chargé d’assassiner Napoléon et qui dépouilla de sa cassette l’ex-reine de Westphalie, Catherine de Wurtemberg.