Page:Béranger - Ma biographie.djvu/236

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eût eu de bonnes, et dont les cadres m’ont souvent traversé l’esprit ! Au prix de celles-ci, le gouvernement, je crois, m’eût facilement pardonné les autres.

Appréciant ainsi la plupart de nos tribuns, vivre au milieu d’eux était une espèce de devoir que j’accomplissais. Il n’en était pas ainsi de toute cette jeunesse qui se pressait autour de moi. Je lui ai dû de belles espérances, qui toutes n’ont pas été trompées ; j’ai vu naître et grandir de beaux et nobles talents et des dévouements qui sont restés vivants malgré les déceptions ; j’ai vu surgir et se développer des idées philosophiques et sociales qui, un jour, dégagées d’erreurs inévitables, serviront à l’amélioration de ce pauvre monde, dont la prétendue civilisation n’est guère encore que de la barbarie.

Si les jeunes hommes m’ont toujours recherché, c’est que j’ai su les comprendre, les encourager, les éclairer même quelquefois ; bien que j’aie plus appris avec eux qu’ils n’ont dû apprendre avec moi, je l’avoue sans peine. L’espérance d’être enterré par des hommes qui vaudront mieux que nous est une douce satisfaction pour un ami de l’humanité. Cette assurance, je la conserve encore, et, si de temps à autre bien des choses l’ébranlent, combien d’autres

    de voir qu’il ne voulait pas prendre part à leur gâteau et approuver leur politique ; ils n’avaient qu’à se rappeler ce mot significatif.