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à recueillir neuf ou dix mille francs par souscription.

Plusieurs de ses riches amis négligèrent d’y prendre part, comme ils avaient négligé de procurer à Manuel, par des moyens honorables, une aisance suffisante[1]. Il ne laissa guère que ce qu’il avait économisé en sa qualité d’avocat plaidant à Aix et d’avocat consultant à Paris. Il gagna peu dans cette dernière position ; car, dès qu’il fut député, il refusa les honoraires pour ses consultations, qu’il ne donna plus que par obligeance, prétendant qu’un député ne peut être avocat payé, sans donner occasion de douter de la loyauté avec laquelle il remplit son mandat, le député ayant souvent à parler et à voter sur des lois qui peuvent se trouver en rapport avec les intérêts de ses clients.

Par son testament, il me fit un legs viager de mille francs de rente. Il n’avait pas assez réfléchi à toutes les charges de famille qu’il transmettait à son frère, bien digne de cette partie de la succession. Je renonçai à la rente ; malgré les instances du frère, à qui je ne demandai que la montre du pauvre défunt et son matelas de crin, sur lequel je couche.

  1. Je lis dans un article malveillant, plein d’erreurs, de la Biographie Michaud, que Manuel avait le goût du jeu. Il faut bien en vouloir à quelqu’un pour écrire un si gros mensonge. En fait de jeux, il n’aimait que ceux qui exigent l’adresse du corps, et la chasse était sa grande passion. (Note de Béranger.)