Page:Béranger - Ma biographie.djvu/276

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un observateur, quel spectacle dut offrir cette cour nouvelle !

Je me suis également tenu loin des honneurs littéraires, et, en autres raisons qu’il m’a fallu trop souvent répéter, afin de ne pas donner un exemple nuisible à la liberté du genre qui m’a été si favorable, qu’on me pardonnera d’en exagérer un peu l’importance. Que bien faire la chanson soit un titre académique, les chansonniers ne seront-ils pas tentés de se faire les serviteurs du pouvoir pour arriver à l’Institut, devenu une des antichambres de la pairie ? Le peuple peut encore avoir besoin de satire chantée, et moi, je ne serais pas fâché d’avoir des successeurs.

Un moment bien choisi pour essayer d’entrer à l’Académie, c’était lorsque, dans la dernière année du règne de Charles X, M. de Chateaubriand[1], par une démarche d’extrême bienveillance (nous nous connaissions encore fort peu), vint m’engager à prendre place parmi les candidats à la première vacance. Alors ma nomination eût pu avoir une signification politique utile, ainsi que le prouvèrent les injures que cette démarche, si honorable pour moi, attira à M. de Chateaubriand de la part d’un journal.

  1. François-Auguste, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo, le 14 septembre 1768, est mort à Paris le 4 juillet 1848.