Page:Béranger - Ma biographie.djvu/277

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Je ne cédai pourtant point aux vives instances du grand homme qui s’offrait à me servir de parrain, si je puis m’exprimer ainsi.

Depuis la Révolution de juillet, je dus voir dans mon admission à l’Académie, si toutefois ce corps eût daigné m’admettre, l’obligation d’assister à des cérémonies publiques, d’y porter l’habit brodé, de prononcer, l’épée au côté, des discours d’apparat, en présence d’un nombreux auditoire, et d’avoir trop souvent à combattre des brigues comme celles qui ont affligé Constant sur son lit de mort ou repoussé jusqu’à trois fois notre grand poëte Hugo. « Mais, m’ont répété des académiciens eux-mêmes, qui vous force à subir tous ces ennuis ? Faites comme nous, qui ne mettons presque jamais le pied à l’Académie. » « Et voilà justement ce que je ne puis comprendre. Quoi ! messieurs, négliger les devoirs qu’impose un honneur sollicité ! Non, cela me serait plus pénible encore que l’accomplissement de ces devoirs, dont mon caractère finirait peut-être par me rendre esclave. » Autant que ma conviction l’a permis, j’ai toujours cherché à mettre ma position d’accord avec mon humeur et mes goûts, règle beaucoup moins observée, qu’on ne serait disposé à le croire. Plus j’ai vieilli, plus j’ai éprouvé le besoin d’une entière indépendance, ce qui doit me faire redouter d’appartenir à un corps quelconque. Je ne puis penser que seul,