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Note LIX. — Au premier vers.

Un discours au moins étrange, prononcé par M. le premier président Séguier à la rentrée des tribunaux (en 1816), donna naissance à cette chanson, qui eut une vogue prodigieuse. Depuis, M. Séguier, comme membre de la chambre des Pairs, dans l’affaire de la conspiration de 1820, montra tant d’humanité et d’amour de la justice, que Béranger eût voulu pouvoir faire disparaître ces couplets. Outre l’inutilité de cette suppression, comme il le dit dans une note, ce qui devait le porter à n’en rien faire, c’est que, le dernier couplet attaquant M. Bellart, qui était encore tout-puissant lorsque parut l’édition de 1821, Béranger eût semblé reculer devant cette terrible puissance, à laquelle il prévoyait bien qu’il aurait affaire avant peu. Ses prévisions ne furent pas trompées ; et M. Bellart, si l’on croit quelques rapports, ne se montra pas seulement magistrat sévère. C’est le cas de rapporter un fait qui est de peu d’importance, mais qui ne doit pas rester dans l’oubli, puisqu’il honore Napoléon et un de ses ministres.

À l’époque des Cent-Jours, Bellart prit la fuite. Sa famille voulut faire sonder l’Empereur pour savoir s’il pourrait rentrer sans danger. On s’adressa à Béranger, qui connaissait M. Regnaud-de-Saint-Jean-d’Angély. Les prières du chansonnier engagèrent celui-ci à parler de Bellart à Napoléon, qui répondit qu’il pourrait rentrer en France, qu’il y serait tranquille et ne courait aucun danger. Béranger, qui n’avait pas encore de cet avocat l’idée qu’il a dû concevoir depuis, heureux d’une telle réponse, se hâta de la porter à l’ami de Bellart qui l’avait engagé à se charger de cette négociation. En 1822, le procureur