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et l’honneur des littératures depuis quelque vingt-cinq siècles : « La scène se meurt ! la scène est morte ! ». Le cinéma, seul, attire désormais la foule et la recette. Les moins pessimistes de nos dramaturges sont persuadés que, si de nouvelles formes littéraires ne mettent pas cet instrument économique et populaire au service de la prose et de la poésie, sa technique brutale installera le règne de l’écran sur l’oubli ou le dédain de tout ce que furent pour nos devanciers les œuvres des Eschyle, des Sophocle, des Aristophane, des Shakespeare, des Corneille, des Molière, des Racine et des Hugo.

La crise du théâtre est ouverte : elle s’annonce prochaine et redoutable.

Elle sera surmontée, soyons-en sûrs, par les générations nouvelles, qui chercheront et trouveront les formes d’une littérature adéquate aux besoins nouveaux. Mais la recherche et l’invention leur en seraient grandement facilitées, je crois, si quelques-uns de nos jeunes écrivains prenaient le temps, — oh ! quelques heures à peine ! et ce petit livre n’a pour but que de leur raccourcir la tâche[1], — d’étudier la vraie nature, les conditions et les procédés du théâtre homérique.

  1. Comme dans le premier volume de cette « Résurrection d’Homère », Au Temps des Héros, je procéderai par affirmations aussi nettes que possible, sans embarrasser mon texte des preuves et discussions philologiques, que le lecteur trouvera longuement exposées dans les trois volumes de mon Introduction à l’Odyssée.