Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/218

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renseigner sur ce qui dut être commode et courant durant les siècles archaïques.

L’un de ces papyri, postérieur à l’an 221 après J.-C., contient un épisode odysséen que personne parmi nos devanciers n’avait connu : c’est une Invocation aux Morts, que Julius Africanus dit avoir lue complète dans deux exemplaires homériques, l’un à Nysa de Carie, l’autre en sa vieille patrie d’Ælia Capitolina (Jérusalem). Une partie seulement de cette invocation figurait dans l’exemplaire de la Belle Bibliothèque romaine du Panthéon, que Julius Africanus lui-même avait bâtie près des Thermes d’Alexandre Sévère, pour l’Empereur en personne.

Cette Invocation s’intercalait au chant XI ; en trente vers, Ulysse y faisait appel à divers dieux et démons dont les noms mêmes sont d’une époque déterminée : Anubis, Helios Titan, Zeus Chthonios, Phtha, Phren, Homosozo, Ablanatho, etc. Julius Africanus se demandait le plus sérieusement du monde si ces vers, dont il ne mettait pas en doute l’authenticité, avaient été laissés de côté, pour des raisons esthétiques, par le Poète lui-même ou par les Pisistratides, quand ils recueillirent les autres vers des Poésies !

Tout dans ce texte mérite à coup sûr l’admiration : voilà de bel Homère à la mode