Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/223

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glaive à pointe. Ce jour avait fait d’eux les plus unis des hôtes ; s’ils n’avaient pas connu la table l’un de l’autre, c’est que le fils de Zeus, auparavant, tua Iphitos l’Eurytide, cet émule des dieux. Or, jamais le divin Ulysse n’emportait le cadeau d’Iphitos, quand, sur les noirs vaisseaux, il partait pour la guerre : le gardant au manoir, il ne l’avait jamais porté que dans son île.

Il n’est pas un mot en ces vingt-neuf vers qui ne soit pas un anachronisme, et des plus grossiers :

1o Messène est en territoire spartiate, « en Lacédémone » ; notre auteur écrit donc après la conquête définitive de la Messénie par les Spartiates, au viie siècle, cent cinquante ans au moins après le Poète ;

2o Messène a pour roi le même Orsiloque dont le fils donne l’hospitalité à Télémaque et Pisistrate aux chants III et XV de l’Odyssée ; mais en ces vers authentiques, Dioclès habite la Phères de l’Alphée, qui n’a rien de commun avec la Phères messénienne ;

3o chez les Messéniens (peuple dorien inconnu des Poésies), Ulysse est envoyé en ambassade, malgré sa jeunesse, comme l’aurait été plus tard un jeune Athénien, par le « peuple et le conseil », et le morceau, qui s’ouvre par une imitation de l’Iliade, contient une copie de l’Odyssée ; pour l’origine des autres vers, il suffit de lire dans l’Iliade le récit de Nestor