Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/23

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scène, chanté et joué par des gens de théâtre, les aèdes d’abord, qui étaient des compositeurs et des acteurs tout ensemble, puis les rhapsodes, qui n’étaient plus que des simples acteurs.

Poème représenté ; poème récité ; poème édité : de ces trois périodes de l’histoire homérique à travers les âges anciens, il arrive trop souvent que l’on ne considère que les deux dernières, alors que la première doit attirer et capter toute l’attention, si l’on veut connaître les « Poésies » authentiques et si l’on doit en tirer des modèles qui puissent nous servir aujourd’hui.

Il faut essayer de rendre au jour et de remettre en scène ce premier Homère de Smyrne, de Chios et de Milet, après deux mille cinq cents ans de négligence et d’oubli : l’Iliade et l’Odyssée doivent reprendre leur place en tête de cette littérature parlée, récitée ou chantée et mimée, que furent en somme toutes les œuvres des vrais Hellènes, depuis la guerre de Troie jusqu’aux conquêtes d’Alexandre, depuis l’épos des Ioniens jusqu’à l’idylle de Théocrite, en passant par la lyrique des Éoliens et des Doriens, le drame tragique et comique des Athéniens, leurs logoï (discours) oratoires ou historiques et leurs dialogoï (dialogues) philosophiques.

Nos œuvres littéraires d’aujourd’hui s’adressent, toutes, aux yeux d’un lecteur, et quelques-