Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/72

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disait la tradition, avait eu, dans le vieux Phénix, un maître de composition épique et un maître à chanter.

L’Odyssée, en plusieurs rencontres, est bien plus explicite : Phémios, dans le manoir d’Ithaque, chante à deux et trois reprises devant les prétendants, Télémaque et Pénélope et devant Ulysse lui-même, changé en vieux mendiant ; un aède de Ménélas, que le Poète ne nomme pas, chante à Sparte, dans le hall royal, devant Pisistrate et Télémaque, les deux hôtes du roi, et devant une réunion de nobles invités, qui fêtent le double mariage des deux infants royaux, la belle Hermione et le fort Mégapenthès ; en Phéacie, l’aède aveugle Démodocos chante dans le festin que le roi Alkinoos donne à ses douze confrères en royauté et à l’élite de ses sujets.

C’est en ce manoir phéacien que nous sont le plus longuement décrites la mise en scène et l’exécution de l’épos.

Alkinoos, dans l’assemblée du peuple, a fait décider la reconduite d’Ulysse :

Alkinoos. — Allons, vite ! tirons à la vague divine un vaisseau préparé pour son premier voyage ; dans le peuple, levons cinquante-deux rameurs de vaillance éprouvée ; chacun d’eux, à son banc, ira lier sa rame ; puis ils débarqueront et reviendront chez moi nous préparer tout aussitôt un prompt festin ;