Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/97

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trent dans le camp des Troyens, y font un massacre de guerriers thraces et en ramènent les fameux coursiers de leur chef.

En cet épisode indépendant et complet, que l’on peut, sans cassure ni mutilation, extraire de la Poésie, nous avons l’équivalent le plus exact du second chant de Démodocos, avec ses deux « tirées » (c’est la traduction du mot grec oimé, dont use le texte odysséen) ou « hymnes » (comme on dit aux temps classiques).

Pour traduire rigoureusement ce mot d’« hymne », humnos, dont le sens étymologique est « tissu », il faut recourir au français « lé » : le chanteur épique « tissait ses lés » ; il en tissait un premier, puis un second, puis toute une suite de même largeur (en vers de même mètre) et de même longueur (avec le même nombre de vers) ; il les cousait enfin l’un à l’autre pour en faire sa « pièce », comme nos tisseuses d’autrefois cousaient plusieurs lés ensemble pour faire un drap ou un rideau.

Le mot mystérieux de rhapsode, « couseur de chants », « assembleur de lés », viendrait-il de là ?

L’antiquité nous a transmis des « hymnes » dits homériques. D’une époque postérieure aux Poésies, ils semblent néanmoins de même facture que ces lés des plus vieux aèdes. Ce sont