Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/15

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Prolégomènes, de Ratione probabili Emendandi, il avait recours au texte d’un autre et le résumait : « Ces théories de critique, ajoute-t-il tout aussitôt en sa Préface, sont matière trop subtile pour être traitées ailleurs que dans les notes au bas des pages ou dans un volume de commentaires » ; de même pour les variantes du texte homérique, il y a tant et tant à dire que « l’on ne saurait se borner aux étroites limites d’une préface »... Nous retrouverons dans les Prolégomènes ces promesses toujours renouvelées, jamais tenues.

Il est trop naturel, vu l’absence du second volume, que toutes les promesses du titre n’aient pas été remplies. Mais, des trois parties annoncées par Wolf, n’est-on pas en droit d’espérer que du moins la première et peut-être aussi la seconde ont trouvé place dans les li chapitres et les 280 pages du premier volume ?... Quand la seule Étude sur la Forme ancienne et originale des Poèmes homériques, de Operum homericorum prisca et genuina Forma, s’y trouverait, quel est l’acheteur qui regretterait son argent ?

Or, voici la surprise. On ouvre ce premier volume ; après les sept pages d’un préambule élégamment balancé (chapitres I et II), Wolf déclare tout à coup : « Vouloir chercher l’aède primitif en sa pureté, ne pas vouloir nous contenter, nous autres, modernes, du texte qui satisfit Plutarque, Longin ou Proclus, serait désirer le vide ou nous jeter en une débauche de divination effrénée ; abandonnons l’espoir que nous puissions jamais, autrement qu’en esprit et dans leurs contours les plus sommaires, nous figurer quelle fut primitivement la forme des poèmes homériques ; voyons seulement où peuvent nous conduire les traces de la docte antiquité vers la correction de ces reliques éternelles et uniques du génie grec[1]. »

  1. Prolegomena, p. 8 : abjecta ergo spe fore unquam ut, Carminum homericorum quae primitus fuerit forma, alibi quam in mente nostra et id quidem in rudibus lineis fingi queat....