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Dans la Classical Philology de Chicago[1], M. A. Shewan résumait en avril 1912 la récente littérature sur Homère et constatait, dès la première ligne, que « l’histoire de la question homérique, depuis la fin du xixe siècle, pouvait être définie d’un seul mot : réaction[2]. » Le sentiment général sur l’Iliade et l’Odyssée, disait-il, est désormais pour l’unité d’auteur : les homérisants sont persuadés aujourd’hui qu’il y eut, après tout, un Homère, quels que puissent être leurs désaccords sur la date de sa pleine activité, et sur sa part dans la construction finale des deux poèmes ; parmi les philolo-

  1. Classical Philology, University Press, Chicago, vol. II, n° 2. Voir les mêmes conclusions dans le Bericht über die Litteratur zu Homer (1902-1911) de D. Mülder, Bursians Jahresbericht, 1912-1913, p. 170-325. Le choix de D. Mülder, pour succéder à P. Cauer dans cette bibliographie homérique, est significatif : D. Mülder a publié, en 1910, Die Ilias und ihre Quellen (Berlin, Weideman), dont la pensée dominante est que l’Iliade est l’œuvre une d’un seul poète. Cf. encore A. van Gennep et A. J. Reinach, la Question d’Homère, Paris, 1909 ; les lecteurs français y trouveront la plus commode des Bibliographies critiques, dressée par A. J. Reinach.
  2. C’est le même mot qu’emploie L. Laurant à la page 6 de son Manuel des Études grecques et latines, II, Paris, Picard, 1914 : « Avec le xxe siècle, commence dans le monde savant une réaction, d’abord timide, qui aboutit à une véritable offensive des partisans de l’unité » ; on trouvera en ce dernier manuel les indications principales. Cf. du même auteur, Progrès et Recul de la Critique, Paris, Klincksieck, 1913.