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l’Iliade (1802) l’influence directrice sur la période de quarante années (1802-1840), qui va de Heyne à Lachmann, von Heyne bis Lachmann. Mais Heyne lui-même proclamait qu’il n’aurait pu rien faire sans les découvertes du français Gaspard d’Ansse de Villoison et sans son édition fameuse de l’Iliade (1788).

Avant 1802, avant Heyne, le xviiie siècle tout entier forme la période littéraire, la première période de la critique homérique chez les modernes. En ces matières comme en la plupart des autres, c’est au xviiie siècle anglais et français qu’il faut demander les origines de nos pensées : Bacon et Descartes avaient ouvert les temps modernes ; la seconde génération de leurs disciples les inaugura dans toute la vie intellectuelle de l’Occident.

La critique homérique des Modernes est l’une des filles de Descartes. Sa première période, dit G. Finsler, va de 1715 à 1802 ; Frédéric-Auguste Wolf (1759-1824) n’en fut pas l’initiateur ; tout au contraire, il vint en queue ; l’Érostrate ou le Prométhée homérique n’est autre que François Hédelin, abbé d’Aubignac. Remettant donc chacun en sa place, Georg Finsler intitule la première période de notre critique homérique « de d’Aubignac à Wolf, von d’Aubignac bis Wolf » ; il en date l’origine de l’année 1715, de la publication posthume des Conjectures académiques et il la fait durer jusqu’à l’année 1802, jusqu’à l’édition de Heyne ; les Prolégomènes de Wolf sont de 1795. La véritable « Introduction » à l’étude d’Homère chez les modernes, ce sont donc les Conjectures de d’Aubignac : « Niant l’unité d’auteur dans l’Iliade et l’Odyssée, [niant l’unité des poèmes], niant même l’existence d’Homère, d’Aubignac est le fondateur de la critique homérique chez les Modernes, der Begründer der modernen Homerkritik. »

Dans un manuel destiné aux écoles et universités de langue allemande et dans un grand ouvrage d’érudi-