Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/55

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tion écrit en allemand et publié en Allemagne, de pareilles déclarations prennent toute leur valeur. On ne saurait accuser l’auteur d’avoir voulu flatter les préjugés de son public, quand il faisait l’éloge d’un Français aux dépens du plus illustre des philologues d’outre-Rhin. On ne saurait davantage accuser Georg Finsler d’avoir cédé à l’amour du paradoxe ou aux jeux outranciers de l’improvisation. Son Homer est de 1908 ; son Homer in der Neuzeit est de 1912, mais dès 1905, il exposait ses idées sur d’Aubignac dans l’une des grandes revues philologiques d’Allemagne, la plus grande peut-être, et celle-là même qui, l’année précédente, avait célébré l’apothéose de Wolf, les Neue Jahrbücher für die klassische Alterthumswissenschaft. Georg Finsler y développait les raisons que la lecture de toutes les dissertations modernes sur Homère lui avait données d’admirer d’Aubignac, l’originalité de son esprit, la vigueur de sa dialectique, la sûreté de son goût et de ses connaissances littéraires.

Considérant les Conjectures académiques comme l’ouvrage le plus important sur Homère qui eût paru dans le monde depuis les traités des Alexandrins jusqu’aux travaux de Villoison et de Heyne, Georg Finsler concluait cet exposé par une citation en français d’un critique français qui reste, après soixante ans, un oracle en certains chapitres de l’histoire littéraire, Hippolyte Rigault.

A la page 417 de son Histoire de la Querelle des Anciens et des Modernes, Hippolyte Rigault écrivait en 1856: « Évidemment [d’Aubignac] est plus original qu’érudit : on ne reconnaît pas moins dans son hypothèse le germe de celle de Wolf ; ses Conjectures sont l’ébauche des Prolégomènes allemands et, cette fois encore, c’est une idée française, dédaignée par la France, que l’Allemagne nous a renvoyée avec sa signature et