Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/57

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Herder (1744-1803), Heyne (1729-1812), Wolf (1759-1824), Zoega (1755-1809), Welcker (1784-1868) : c’est presque tout l’Olympe des grands dieux, créateurs de la philologie, de l’archéologie et de l’historiographie dans l’Allemagne du xixe siècle. Par ces disciples directs de d’Aubignac, on peut deviner l’influence indirecte et, par suite, incalculable que, dans les universités d’outre-Rhin, ses théories ont eue sur dix ou quinze générations d’étudiants. Une fois entrées dans le circulus universitaire, elles ont, sous d’autres noms que le sien, continué leur chemin dans le monde des érudits : Lachmann n’a fait que les traduire à nouveau, car il n’est rien dans Lachmann qui ne soit déjà dans d’Aubignac, et il est dans d’Aubignac beaucoup d’autres idées et beaucoup d’autres formules que les successeurs de Lachmann ont cru inventer à leur tour, quand ils ne les prenaient pas directement au bon abbé.

Aujourd’hui encore, depuis que les modes du xixe siècle ont vieilli et qu’après cent ans d’histoire et de philologie, la critique homérique revient aux discussions littéraires, aux considérations d’esthétique, aux raisons de sentiment et de goût, comme aussi à l’autorité des Anciens, la « réaction » de ces années dernières entreprend de combattre les impiétés de d’Aubignac ; mais