xviie, d’Aubignac et Perrault attaquent sur ce point l’opinion vulgaire avec plus d’audace que de bon sens... »
Cerveau demi-malade... ; plus d’audace que de bon sens... : il a fallu venir jusqu’en 1887 pour que d’Aubignac commençât de retrouver en France l’admiration qu’il mérite. Ses contemporains l’avaient tenu en haute estime. Depuis l’Étude de M. Ch. Arnaud[1] sur sa Vie et ses Œuvres (1887), quelques-uns de nos contemporains veulent bien reconnaître en lui un des plus vigoureux et des plus libres esprits de notre xviie siècle[2] ; on en reviendra quelque jour au jugement d’Hippolyte Rigault : « S’élevant au-dessus des chicanes de détail, d’Aubignac ose aborder la question de la formation de l’épopée primitive ; cet admirateur d’Aristote déserte l’ornière où, au nom d’Aristote, avait traîné le dix-septième siècle ; il va droit à Homère et le somme de prouver son identité. Ce n’est pas que j’épouse le scepticisme de d’Aubignac : je crois à l’existence d’Homère, comme je crois à son génie... Mais je ne veux pas méconnaître la hardiesse et la sagacité de l’abbé d’Aubignac ; sur la question homérique, il a vu de plus loin et de plus haut que son temps ; il a devancé de plus d’un siècle le scepticisme imitateur de l’Allemagne[3]... »
D’Aubignac a été valétudinaire et morose à la fin de sa vie. Mais les Conjectures ne sont ni d’un cerveau malade ni d’un vieillard tombé en enfance. D’Aubignac les écrivit vers la soixantaine, en 1664, douze ans avant
- ↑ Ch. Arnaud, Étude sur la Vie et les Œuvres de l’abbé Daubignac, Paris, A. Picard, 1887, 394 p. L’auteur dit en son préambule: « L’abbé d’Aubignac a mauvaise réputation : c’est un « dédaigné », un « grotesque » ; son nom est synonyme de pédantisme et d’étroitesse d’esprit ; il est, avec celui de Zoïle, un des plus compromis de l’histoire littéraire. »
- ↑ Cf. Ch. Arnaud, op. laud., p. 83.
- ↑ Id., ibid.. p. 46.