Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/81

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tion du bon peuple[1]. Tel est le dernier mot, je crois, de la science actuelle... Les esthètes de la « réaction » homérique ont découvert en 1911, dans le livre de M. Ludwig Adam, der Aufbau der Odyssee durch Homer[2], que nous avions dans l’auteur de l’Odyssée « le premier des rhapsodes et des poètes tragiques, den ersten Rhapsoden und tragischen Dichter ». Écoutons d’Aubignac :

« Cherchons d’où ce grand bruit de gloire a pu tirer son origine. Il faut savoir que les princes des siècles passés avoient accoutumé, comme de notre temps, d’avoir quelque musique à leurs festins ; mais au lieu que la nôtre n’est qu’une harmonie d’instrumens avec des tons agréables sans paroles ou tout au plus avec quelque petite chanson d’amourettes inutile à l’instruction des mœurs, ceux-là faisoient chanter devant eux les hauts faits des héros ou les merveilles de leurs divinités. Nous en avons des exemples même dans l’Iliade et dans ceux qui ont dit que les Muses ont quelquefois chanté devant Jupiter la défaite des Géants ou la guerre qu’ils entreprirent contre les dieux.

« Et comme l’on n’avait pas toujours des poètes pour avoir de nouveaux ouvrages, on s’avisa de prendre des épisodes ou pièces détachées de ceux qui avoient quelque réputation, et ceux qui s’appliquoient à ce métier étoient nommés Rapsodes, qui non seulement chantoient, mais qui dansoient encore, exprimant dans leurs postures le sens des vers avec beaucoup d’art et de grâce, et comme l’usage des plus belles choses passe ordinairement de la cour parmi le peuple, ce plaisir tomba du trône dans le carrefour, c’est-à-dire de la

  1. Cf. les admirables analyses de J. Bédier, Les Légendes épiques. Paris, Champion, 4 volumes.
  2. Wiesbaden, 1911.