Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

table des princes au divertissement des moindres bourgeois » (pages 20-21).

D’Aubignac dit ailleurs (p. 87-88) : « Il est constant que le premier emploi de la poésie, parmi les païens, fut la louange de leurs dieux et de leurs héros [durant la fête de Bacchus en particulier]... : dans la suite, ils y mêlèrent les aventures des princes qui s’étoient signalés par quelques vertus. Ces hymnes ou cantiques étoient au commencement chantées et dansées dans les temples, ensuite sur les théâtres publics, aux fêtes solennelles... ; le fond de toutes ces poésies était ordinairement tiré de quatre familles royales, celle de Troie, de Crète, d’Argos et de Thèbes, car s’ils y ont mêlé quelquefois celle de Colchide et de Corinthe, ce fut si rarement qu’excepté l’histoire de Jason, qui fut le chef des Argonautes, on n’en trouve presque rien. Mais il est constant qu’après la guerre de Troie[1], les poètes s’occupèrent plus souvent sur les fables qui s’en contoient

  1. Dugas-Montbel a dit à la page 132 de son Histoire des Poèmes homériques : « L’abbé d’Aubignac avait rassemblé quelques matériaux favorables à la thèse soutenue par Perrault ; ils ne parurent que longtemps après sous le titre de Conjectures académiques. Perrault n’en avait aucune connaissance, quoiqu’il en parle dans son ouvrage ; mais les eût-il connus, ils ne lui eussent pas été d’un grand secours. L’ouvrage de d’Aubignac, fait de mémoire, est rempli d’erreurs et ce qu’il dit sur la réunion des poésies homériques n’est nullement satisfaisant ; la question n’est qu’à peine entrevue. » Il est étrange que Dugas-Montbel n’ait trouvé que des erreurs dans les Conjectures académiques. Il semblerait pourtant que telle de ses propres opinions et même de ses phrases ressemblent, et de fort près, à celles de d’Aubignac :
    Dugas-Montbel, p. 27.    D’Aubignac, p. 91.
    A peine dix ans s’étaient écoulés depuis la chute d’Ilion que déjà, dans les palais des rois, on chantait chaque jour tout ce que publiait la renommée sur les triomphes et les infortunes des Grecs.    En moins de cinquante ans après la guerre de Troie, il y eut un nombre infini de pareilles hymnes à l’honneur des dieux et des héros, dont cette histoire et ces fables faisaient mention.