Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/85

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qui ne prétend pas être un « troisième Caton tombé du ciel, un historien venu des antipodes », mais qui veut « mettre hardiment au jour ce qu’il pense et ne pas se fâcher si quelqu’un le contredit, puisqu’il ose bien contredire tous les autres. »

D’Aubignac a eu certainement tort d’exagérer les ressemblances entre l’épopée et la tragédie antiques, au point d’appliquer aux représentations de celle-là tout ce que les auteurs nous disent des représentations de celle-ci. Il a cru qu’il y avait, en Ionie, des concours de poètes et de poèmes épiques dans la même forme qu’il y eut en vérité, à Athènes, des concours de poètes tragiques ou de tragédies. Il a pensé que, si « les cantiques ou vieilles tragédies étaient de quatre cens vers ou environ, [on leur avait] donné cette étendue afin d’en pouvoir lire plusieurs en un même jour et les mieux examiner, ce nombre de vers étant suffisant pour faire connaître le génie d’un poète, mais n’étant pas si grand qu’il pût ennuyer et fatiguer les juges. » Il a même conjecturé « que les poètes qui composoient ces cantiques ou vieilles tragédies, pour disputer le prix, faisoient quelquefois trois pièces sur un même sujet, nommé trilogie, et quelquefois quatre, qu’ils nommoient tétralogie, dont la dernière étoit satyrique ou burlesque » ; les endroits « libertins ou ridicules » de l’Iliade et de l’Odyssée viendraient de ces tragédies satyriques. ... Notons bien cette hypothèse des plus aventureuses sur les trilogies épiques.

Les Conjectures auraient donc à subir, de ce chef, quelques corrections. Mais je crois que, mises en forme et en langage d’aujourd’hui, telles pages de d’Aubignac sembleraient l’exposé de nos doctrines les plus scientifiques (cf. p. 88-90) :

« Après la guerre de Troie, les poètes grecs s’occupèrent plus souvent sur les fables qui en couroient parmi