Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/88

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la plus scientifique impartialité. Comment nommer ce que Wolf a fait en deux rencontres à l’égard de ce songe-creux d’abbé, de cet inepte Francogallus ?

Wolf en ses Prolégomènes donne deux citations expresses des Conjectures pour montrer aux lecteurs que ce Français était vraiment un fou ; or, l’honnête et attentif Georg Finsler déclare n’avoir lu dans d’Aubignac ni l’une ni l’autre des deux phrases que Wolf attribue à son modèle : « Voilà, — dit Georg Finsler au sujet de l’une, — voilà une phrase que je ne puis pas retrouver dans d’Aubignac, den Satz kann ich bei d’Aubignac nicht finden », et au sujet de l’autre : « La phrase citée dans les Prolégomènes n’est pas dans les Conjectures, der in den Prolegomenen zitierte Satz steht nicht in den Conjectures. »

C’est dans les Neue Jahrbücher de 1905 (p. 496 et 499) que G. Finsler parlait ainsi. Dans son Homer in der Neuzeit, il mettait sur le compte de la vanité, Eitelkeit, cette étrange conduite de Wolf. La vanité ou, plutôt, le maladif orgueil de Wolf l’ont souvent engagé en de pareilles affaires. Ses discussions avec son maître Heyne ne semblent à première lecture que querelle d’Allemands, où les torts sont partagés : les apologistes de Wolf lui donnent volontiers le beau rôle ; G. Finsler, juge impartial, réserve pour Heyne toute son admiration et toute sa sympathie ; sans vouloir prendre parti entre ces deux philologues déchaînés, nous trouverons peut-être quelques indices contre les affirmations les plus expresses de Wolf. Mais, dans l’affaire des Conjectures et des Prolégomènes, la vérité est beaucoup plus facile à rétablir : ce n’est pas de vanité ou d’orgueil qu’il s’agit ; c’est d’exactitude et, peut-être de bonne ou de mauvaise foi.

Il ne suffit pas de dire, en effet, que les deux phrases ou opinions citées expressément par Wolf ne se trouvent