Page:Bérillon - La Polychésie de la race allemande, 1915.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

mentait l’écoulement du sang, si bien que l’agrément de cette sensation m’invitait plusieurs fois par jour à me présenter à la garde-robe. Si je pressais avec le doigt, cela me démangeait de la façon la plus agréable, et le sang coulait. »

Si l’on en croit Luther, que d’actions de grâces ne doit-on pas rendre aux déjections stercorales, capables de guérir tous les maux.

« Je suis surpris, dit-il, que Dieu ait mis dans la fiente des remèdes si importants et si utiles, car l’on sait par expérience que la fiente de truie arrête le sang, et celle du cheval sert pour la pleurésie. La fiente de l’homme guérit les blessures et les pustules noires ; la fiente d’âne, mêlée à d’autres, s’emploie dans les cas de dysenterie ; la fiente de vache, mêlée avec des roses, est un fort bon remède dans l’épilepsie qui attaque les enfants. »

Mais il trouve également dans les excréments les armes qu’il dirige de préférence contre ses ennemis. Lorsqu’il se croit venu à bout de quelques-uns de ses adversaires, il s’écrie : Je crois qu’ils sont dans la m… jusqu’au cou, lourdauds qui ne savent pas distinguer le sucre de la m… »

L’Allemagne, qui occupe assurément le premier rang dans la scatomanie, peut également revendiquer la priorité de la spécialité médicale qui constitue la scatologie.

Déjà le fameux Cornelius Agrippa, médecin allemand qui vivait au seizième siècle, dans son livre De vanitate scientiarum, accusait ses confrères non seulement de goûter l’urine de leurs malades, mais de pousser le fanatisme professionnel jusqu’à la dégustation de leurs excréments :

« Les médecins Scatophages, ou Tastemerdes, écrit-il, m’arroseront d’urine et me parfumeront des excréments de leurs malades ». Et décrivant l’art minutieux du spécialiste en scatologie il ajoute : « Le médecin regarde attentivement l’urine qu’on a soin de garder et dont on le régale à son arrivée ; on lui fait le même honneur pour le bassin et, aux dépens de son odorat, il en examine le contenu, allant quelquefois jusqu’à goûter ». Ces pratiques faisaient le plus grand honneur à l’esprit d’analyse dont les allemands ont toujours, à toutes les époques, fait le plus grand cas.

L’hyperchésie allemande constituait un champ d’études si particulier, que son étude a suscité en Allemagne, les émulations les plus ardentes. Aux laboratoires de scatologie ont été annexés des musées stercoraires dans lesquels sont exposés de nombreux modèles en cire, en pâte, de la plus rigoureuse exactitude. Comme le faisait justement remarquer,