Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/329

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ment à certains moments combien sa situation s’améliorait ; il se traitait comme un enfant malade, il y avait certaines pensées, certains sentiments impérieux dont il ne pouvait se débarrasser qu’avec le plus grand effort ; un trouble infini s’empara de nouveau de lui, il se mit à trembler, ses cheveux se dressèrent pour ainsi dire sur sa tête ; enfin, le plus terrible épuisement vint mettre un terme à cet état. Il trouva la guérison, grâce à une figure qui planait toujours devant ses yeux, et à Oberlin, dont les paroles et la vue lui firent le plus grand bien. Aussi était-ce avec terreur qu’il songeait au départ de celui-ci.

Il s’effrayait de rester seul à la maison. Le temps s’était adouci ; il résolut d’accompagner Oberlin dans la montagne. Ils se séparèrent du côté opposé, là où les vallées finissaient dans la plaine. Il revint seul. Il parcourut la montagne en différentes directions. De larges plateaux descendaient dans les vallées ; il y avait peu de bois, rien que des lignes puissantes, et plus loin la vaste plaine fumante ; l’air était violemment agité. Aucune trace d’hommes, sinon, çà et là, adossée à la colline, une hutte abandonnée où les bergers passaient l’été. Il devint tranquille, presque rêveur ; tout se fondait pour lui en une ligne semblable au flux et au reflux d’une vague entre le ciel et la terre, il se trouvait comme au milieu d’une mer sans limites qui ondulait doucement en tous sens.