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90HreS.(3, Y, 8, n, 1, μ., *v, -rr, p, a, - : Une tradition attribuait à Palamède, contemporain du siège de Troie, l’invention de la double E et des trois aspirées 0, tp, 1 ; et Simonide passait pour l’inventeur des doubles Z, qz, et des deux longues 11, zo. C’est ÿalphabet de 24 lettres que les Grecs ont conservé jusqu’à nus jours.

Les Romains paraissent n’avoir eu d’abord que ’16 lettres : a, e, i, o, 14 ; b, c, ol, f, l, m, n, p, r, s, t. Plus tard furent ajoutées les consonnes g, h, j, k, q, v, z, et la voyelle y ; ce qui fit 25 lettres, auxquelles on.pourrait ajouter les caractères supplémentaires œ, œ, ch, ph., th, rh. Il faut observer toutefois quej n’était chez eux autre chose que l consonne et se marquait de même, et que *u était u consonne, dont il ne se distinguait. pas non plus dans l’écriture (aulgas ou oulgos, c’est-a-dire vulgns). L’empereur Claude voulut introduire la lettre  ; pour représenter u êonsonne, QC pour représenter le son ps, une troisième qui est inconnue et qui devait peut-être représenter consonne, ou bien le son particulier de i et de u voyelle dans les superlatifs et certains autres mots (maximus, anciennement mawumus, Sulla), où ces lettres ne faisaient entendre ni le son i ni le* son u. Sa réforme ne lui survécut point..

L’alphabet romain passa, a l’aide des conquêtes militaires de Rome, dans l’Italie, l’Espagne, la Gaule, la Bretagne, une partie de la Germanie cis-danubienne, et y fut maintenu, après la chute de l’empire, par l’Église chrétienne, qui, dans l’Occident, n’eut jamais d’autre langue que la langue latine. Chilpéric Ier, roi des Franks, s’avisa, * tout barbare qu’il était, d’introduire dans cet alphabet 4 nouveaux caractères, empruntés au grec, mais sur lesquels les manuscrits ne sont pas d’accord, car ils varient entre 8, C, tj/, m, et 0, 2, q›, X. Mais cette fantaisie royale n’eut pas plus de succès que celle de l’empereur romain, et nous avons encore aujourd’hui intégralement les 25 lettres romaines, avec les lettres supplémentaires re, ch, ph, rh, th, et le w, usité seulement dans les noms d’origine germanique ou anglo-saxonne.-L’examen le plus superficiel de ces trois alphabets suffit pour en découvrir les nombreuses imperfections. Le son ou, qui est un son simple et élémentaire, est représenté en grec et en français par la combinaison-de deux lettres : du moins les Grecs avaient-ils simplifié le signe dans leur écriture cursive, en représentant le son par 8, c.-a-d. en réunissant les deux éléments (o, u) en un seul. Mais les Latins, comme font encore les Italiens, les Espagnols, les Allemands, l’avaient représenté par u, dont le son français, tel qu’il existe dans culbute, leur était inconnu aussi bien qu’aux Grecs ; et ceux-ci ne le connaissent pas davantage aujourd’hui, non plus que les Italiens ni les Espagnols. Dans la langue grecque moderne, le son élémentaire i est représenté à la fois par v., o, 11, sa, oi ; en fût-il toujours ainsi ? c’est ce qu’on ne saurait ni nier ni affirmer. Il nous’parait cependant probable qu’il y avait au moins des nuances très-sensibles dans la prononciation d’un grand nombre des mots où figuraient ces voyelles, simples ou combinées. Le son bé était souvent représenté par la lettre 11, surtout après les liquides v, μ., comme le témoigne le nom moderne de Constantinople, Istamboul, qui passe pour figurer a peu près la prononciation des mots el ; -niv IIó).w (ls lim Bolín), du moins au moyen âge. Telles-sont les seules observations qu’il nous soit permis de hasarder sur l’alphabet grec dans l’antiquité, les règles même générales de la prononciation de cette langue nous étant presque absolument inconnues.

Quant a l’alphabet romain, .quoique nous ignorions presque aussi complètement les règles de la prononciation du latin, nous sommes portés å croire que le c, qui fiaraît s’être prononcé toujours dur, n’avait besoin ni de ni de q pour auxiliaires. L’i et le j, l’u et le v, se prenaient l’un pour l’autre dans l’écriture et devaient en général se prononcer à peu près de même. Quintilien donne à entendre que u consonne se prononçait à. peu près comme le digamma éolique. Souvent Pu était redondant après le q. Les lettres y, z, h, ch, th, ph. rh, introduites assez tard å Rome, ne peuvent se justifier que par la raison étymologique, h pour représenter l’esprit rude des mots grecs (quant au rôle de cette lettre dans les mots d’origine italique, il est fort peu connu), ph pour représenter qa, th pour représenter 0, ch pour représenter X, rh« pour le (S, y pour l’u (lequel ~.› représente l’u latin dans certains noms romains écrits en lettres grecques, ceux peut-être où cette lettre n’avait pas nettement le son qui, lui était naturel), enfin z pour représenter C. En effet, toutes ces lettres simples ou composées ne se trouvent en- latin que dans les mots d’origine grecque. Ai, OE, sont également des signes composés qu’on ne trouve que dans.les mots venus du grec, pour y représenter les voyelles combinées on, ot, dont la prononciation ancienne est un mystère pour nous (elles se prononcent aujourd’hui3 ou comme notre ai dans mai, balai, -oi comme un 1. - -

Il y a beaucoup a dire aussi contre notre alphabet, qu’il faut en quelque sorte désapprendre pour prononcer une foule de mots et pour les écrire selon les règles de l’orthographe reçue, presque toujours contradictoire avec l’alphabet. Ainsi, nous donnons le son a à l’e dans femme, à l’i dans bois ; e représente 5 sons différents (é, è, 6, e, a). Le son o est représenté encore par les combinaisons de voyelles au, eau.. Y, qui n’est légitime que dans les noms d’origine grecque, fait souvent double emploi avec t, et plus souvent encore vaut deux i. H voyelle ou h muette est tout a fait inutile, quand elle n’est pas un signe étymologique. H aspirée ne se prononce jamais, et est aussi muette que l’autre ; elle ne peut même servir de signe dans la lecture et avertir qu’il ne faut pas lier la consonne finale du mot immédiatement précédent avec la- syllabe initiale de celui qui commence par h, qu’il ne faut pas prononcer les haines comme les ainés, les héros comme les etres. N’eùt-il pas été plus commode et plus logique de modifier légèrement sa forme ? Car, comment distinguer dans la lecture que l’h de haine est aspirée, et que celle de homme ne l’est pas ? Un étranger en est réduit a apprendre par cœur, pour éviter les méprises, les 100 ou 120 mots très-légèrement aspirés de notre langue ; et-les Français n’évitent l’erreur sur ce point que si leur oreille a été souvent frappée de ces hiatus dans la conversation des gens qui parlent correctement. Le c dur peut être rendu par c, lc, q, quelquefois par ch. S dur au milieu des mots doit être remplacé par ss ou par ç, quelquefois par rv. Cette dernière consonne représente à la fois cs, gs, gz, ss, ou même s (comme dans Xaintrailles). Une douzaine de nos lettres (sans compter e, h, ce qui fait plus de la moitié) sont très-souvent muettes ; ce sont c, f, g, l, m, p, q, r, s, t, av, z. Mais cela n’a lieu que lorsqu’elles occupent la place finale : ainsi croc, clef, baril, aimer, étang, étant, crois, croix, nez, nés, sot, etc. Des syllabes entières ne se prononcent pas, et surchargent inutilement l’écriture : telles sont les finales de aim-ent, Qari-ent, etc. L’u et l’e sont les auxiliaires, mais tout à fait muets, de g, de c, de q : ti guerre, écueil, quai ; gageure, geai, plongeon. n Avant l’invention de la cédille, on écrivait : je cammenceai, nous commenceames, nous commencions. L’e est muet aujourd’hui dans eu, participe passé du verbe avoir ; il l’a été longtemps dans j’ai veu, nous veimes, ils peurent, etc., d’où il a fini par disparaître. - Des sous simples particuliers à. notre langue n’y ont aucun signe représentatif, et se composent quelquefois de trois lettres méconnaissables l’oreille : an, in (ein), on, un. En revanche, les deux lettres en représentent tantôt an, tantôt in (enlever, ancien). Le son é est encore représenté par ai, ou même par ais, ait (j’ai, je ferai, je sais, il sa1t) ; le son è, par ais, ait, aie et aussi par ai (mais, maí, lait, balai, ivraie). La lettre./E a été bannie, depuis deux siècles, des mots français, même originaires du latin ou du grec. OE, qui ne sert absolument a rien, s’est cependant maintenu : il est toutefois très-légitime, dans certains noms formés du grec, pour remplacer ov. :-œnophilo (oivoçiloç, quoique l’usage l’ait fait disparaître du mot économe oîuovoμoç), où il était bien à sa place. Mais, dans les mots d’origine latine et qui ont en latin, à la première syllabe, un o, lequel en passant dans lo français a pris le son de eu, -ouvert (comme opéra, qui est devenu œuvre ; ovum, œuf ; bovem, bœuf ; cor, cœur), la combinaison des lettres eu suffisait, sans l’addition de l’o, qui est une véritable superfétation. Pourquoi alors ne pas écrire hœure de-hora, leur de íllorum fitalien loro), plœars de ploratus, etc. ?

L’ordra dans lequel sont disposées les lettres est un modèle de confusion dans tous les alphabets. Il semble qu’on aurait du, pour se conformer a l’analogie, mettre en tète les voyelles les unes à la suite des -autres, d’abord les voyelles simples, puis celles qui, formées par combinaison, expriment néanmoins des sous simples ; puis les consonnes simples, puis les aspirées, puis les doubles. C’est a peu près selon ce système qu’on procède dans nos écoles pour l’enseignement raisonné de l’alphabet grec, après s”être toutefois donné la peine presque inutile d’apprendre cet alphabet dans sa disposition vulgaire et consacrée. Au reste, voici les principales diffé-