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Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/109

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certaines intonations, il devient doux et agréable ; il élimine une grande quantité de lettres qui le rendraient traînant et difficile. Tandis que l’habitant de la haute Alsace recherche les sons gutturaux, celui du Bas-Rhin les évite : il supprime les consonnes ch et g à la fin des mots ; il en est de même des lettres n, b, *k, et de plusieurs autres ; les lettres fortes deviennent douces : ainsi noamit est pour’noch nicht, verda pour werktag, kéni pour könig, bue pour bube, aim pour einem, áa pour ab ; - à se change en o : do pour da, emol pour einmal ;au en u : hus pour haus, erus pour heraus ; - u en ne : guegl pour gut ;+ ei et eu en i : fut pour haute, min pour mem ; - g en j : prejle pour prúgeln ; - b au milieu des mots en w, awer pour aber. Au commencement des mots on aime à. placer la lettre g devant la consonne s : gschpass pour spasz ; gsicht pour siehet. La voyelle e a. tantôt un son ouvert, tantôt un son aigu : gevärm pour yewesen, dért pour dart, kén pour kein, kerwé pour Icirchweihe, méssdi pour messetag. L’e muet se rapproche de l’a bref ; il sert à remplacer la terminaison en de l’infinitif allemand, ainsi que l’article indéfini, absolument comme en anglais : géwe pour geben, kome pour komirien, e man pour ein mami, e muecler pour eine mutter. L’e muet devient à. peine sensible lorsqu’il remplace les pronoms personnels ; il se rapproche de la diphthougue eu, prononcée rapidement : euss pour uns (anglais us), deurr pour dir, meurr pour man.

L’alsacien possède une înfinité de mots qui ne se trouvent pas chez les écrivains allemands ; il est a regretter qu’on ne cherche pas a les faire pénétrer dans la langue littéraire. On n’a qu”à. consulter, pour se faire une idée de cette richesse, la Barque des fous de Sébastien Brandt, et les Sermons de Geiler. Ces écrits se distinguent surtout par l’abondance d’expressions ironiques ; aussi l’Alsace a-t-elle toujours été la terre classique de la satire. La manière de parler des Strasbourgeois, dit Gœthe, s’est conservée intacte ; elle s’est montrée rebelle à toute influence étrangère. A entendre les femmes du peuple, on reconnaît immédiatement le langage iles Brandt, des Murner, des Fischart, des Moschérosch, langage original,

  • franc et naif, mais en même temps ingénieux en

créations de mots satiriques. L’ouvrage le plus remarquable, écrit au xxx° siècle en dialecte alsacien, est la comédie de Reinhold, intitulée : Lundi de Pentecôte ; Gœthe en a fait le plus grand éloge.

Le langage des israélites, en Alsace, est un mélange d’alémanique, de bon allemand et d’hébreu. Il s’éloigne du dialecte alsacien en ce qu’il emploie les consonnes omises par celui-ci. La consonne ch, placée après les voyelles e, i, est prononcée comme sch ; la prononciation du mot recht (raison) pourrait servir d’un second sibolelh, au moyen duquel on distinguerait facilement les israélites de ceux qui professent les autres cultes : Il s’est aussi glisse dans le langage un grand nombre de mots français, qui, introduits par Jarchi dans ses Commentaires’de la Bible, ont été assimilés a ceux d’origine hébraïque, par exemple : s’for|t dormt, l’enfant dort ; benschen, bénir, bénédiction ; ore, prier (latin orare) ; del, deuil, enterrement, etc. Mais il y a, en général, dans les expressions une vivacité et une concision qui donnent à. la tournure de la phrase le cachet oriental. Ce langage tend a disparaître en Alsace ; dans les villes, les israélites de bonne famille emploient de préférence la langue française.

Dans les endroits de l’Alsace voisins de la Lorraine et de la Franche-Comté, il s’est formé un autre patois. Très-souvent on ne sait si c’est de l’allemand francisé, ou du français germanisé. Ainsi le mot allemand verreclmen (se tromper dans son calcul) est composé du préfixe oer, équivalent du préfixe mé dans mécompte, et du verbe reclmen (compter) ; le patois de la haute Alsace a, fait le verbe u se fer compter ». Le dialecte alsacien allemand se sert fréquemment du verbe duen (faire), soit comme mot explétif, soit pour faire ressortir l’action exprimée par le verbe ; en patois, ce verbe fait partie de la conjugaison : « qué fé tu remessé ; - was duest du of hewe ;que ramasses-tu ? » Le patois porte de nombreuses traces des méprises bizarres que la fusion des deux langues a du engendrer ; ainsi, le français conjugue le verbe être à l’aide du verbe avoir : « vous avez été » ; Pallemand le conjugue avec le verbe être lui-même : il vous etes été H ; le patois a renversé l’ordre des mots français : vos ates aoû, c.-à-d. vous étes eu, pour vous avez été. D’ailleurs, lors même que les expressions sont françaises, les habitants continuent aleur donner Pintonation alsacienne et des articulations étrangères aufrauçais ; de la provient " la difficulté de comprendre ce patois. L’habitant de la haute Alsace, qu’il parle allemand ou français, affectionne le son guttural du ch allemand placé après a, 0, u ; ce son est à peu près celui de notre lettre r prononcée en grasseyant. Le patois s’en sert pour rendre rs, ss, sc, par exemple : pachorme (personne), dechonde (descendre), couchené (cuisinier), chpatz (passereau). La terminaison de l’a bref, qui remplace la désinence en de Piniinitif allemand, est également employée par le patois pour les verbes f rançais : trova, trouver ; manca, manquer. La lettre r se supprime devant une dentale ou à la fin du mot : mo, mort ; joue, jours ; appocha, apportez. Au milieu d’un mot, rt et rd se changent en tch : sotchi, sorti ; petchut, perdu. La lettre l se change, comme en italien, en i : ieuva, lever ; kiatt (all. glalt), poli. Au milieu d’un mot, s se prononce comme un j : májon, maison ; - ss quelquefois comme ch : achu, aussi ; - o devient eu : veut, votre ; acheteu, aussitôt. L’alsacien et le français ne paraissent pas devoir se fondre de longtemps l’un avec l’autre : ce sont deux idiomes trop hétérogènes. Le villageois de la haute Alsace, dont la langue maternelle a été celle du Sundgau, se plie di fficilement aux exigences du français. Il y a å. peine quelques années qu’un côté de la rue principale de Dannemarie était habité par les hommes de souche française, et l’autre par les Allemands. Avec cet esprit d’hostilité ou d’isolement, la fusion des deux lan ues ne pourra se faire que très-lentement. V. Arnold, ãfotices littéraires et artistiques sur les poëtes alsaciens, Paris, 1806 ; un Mémoire de M. Matter dans le Journal de la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, 1824 ; S.- F. Fallot, Recherches sur le patois de Franche-Comté, de Lorraine, et d’Alsace, Montbéliard, 1828, in-12. H.-ALTENBEBG (Abbaye d’), un des plus beaux monuments gothiques de l’Allemagne, a peu de distance de Cologne. Fondée en 1133 par le comte Eberhard de Berg, cette abbaye, de l’ordre de Citeaux, fut achevée en 1255, sauf le chœur, terminé eu 1379. Incendiée en -1815, elle a été restaurée depuis 1835. On y voit les monuments funéraires des coxñtes d’Altena, des comtes et ducs de Berg. L’emploi simultané du plein cintre à l’extérieur et de Pogiye a l’intérieur, dans la salle capitulaire et le dortoir, atteste une époque de transition. V. Boisserée, Monuments cïarchitecture du vn’au xm° siècle dans les contrées du Rhin inférieur, 1842, in-fol., pl. 59 et 60. ALTER EGO, c.-à-d. autre moi, titre en usage dans le royaume des Deux-Siciles, désigne la personne à laquelle le roi transmet le plein exercice de sa puissance, et dont il fait ainsi un autre lui-même. - Jadis les ministres plénipotentiaires d’Espagne portaient aussi quelquefois le titre d’alter ego.

ALTERATION, en musique, désigne le changement accidentel que les notes naturelles ou diatoniques subissent, quand on les fait précéder d’un dièse ou d’un bémol. Le dièse hausse d’un demi-ton la note qui le suit ;’le double dièse la hausse d’un ton. La note est baissée d’un démiton par le bémol, et d’un ton par le double bémol. Le bécarre remet la note altérée à son ton naturel. Les signes altéra tifs furent inventés, dit-on, au iv° siècle av. J.-C., par Timothée le Milésien et Olympe de Mycènes. On nomme Interoalles altérés ceux dans lesquels une note est élevée par dièse ou abaissée par bémol : ainsi la tierce d’ut est altérée, si le *mi est bémolisé ; le sol diésé est la quinte altérée d’ut.

Aurénxriou 1›’Acrss. V. Fxux.

Aménniou nas iuonnxuss. V. Momwua.urénxriou nas sunsnucas Ax.uusN’rAmes. V. le mot FALsnucimon., -

ALTERNAT, terme de Droit politique ; droit ou privilège en vertu duquel deux villes ou plus sont, a tour de role, le siège d’un gouvernement ou d’une administration. C’est ainsi que Berne, Lucerne et Zuriçhservaient alternativement, pendant deux ans chaçgue, de capitale à. la confédération helvétique., - ’

ALTERNATIF (Chant). V. AN’rn›noNre. 1, f ALTERNATIVE (Conjonction, Propositionùl V. Cou-JONCTION, Pnorosmou. ’-ALTISTE,

musicien qui exécute la partie d’alto.

ALTITONANS, mot latin qui avait jadis la signification de l’italien alto.

ALTITUDE, terme de Géographie ; élévation d’un lieu au-dessus du niveau de la mer.

ALTO, terme de musique. désigne : 1° la partie qui se trouve au-dessus de la teneur (tenor), par opposition a celle qui est au-dessous et qu’on’appelle basse ; 2° la voix qui exécute cette partie, et qu’on appelle plus communéik