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employé dans les prets hypothécaires. V. Cmãnrr ronGIER. Caisse rfamortissement. L’amortissement a été appliqué Zi la dette publique par les États de l-lollande en 1655. La France y avait songédès le ministère de Machanlt, en 1749. Mais ce moyen ne fut mis à la mode que par le docteur Price et Pitt : en 1786, l’Angleterre eut une Caisse d’amortissement ; elle n’existe plus depuis 1827. En France, la Caisse des remboursements, créée en 1761, réorganisée en 1784 et en 1799, fut transformée en Caisse d’amorlíssement par les lois des 28 avril 181§ et 23 mars 1817, puis modifiée par celles du 1er mai 1825 et du 17 août 1835. Sa dotation annuelle est proportionnée a raison de 1 pour 100 à la quotité des rentes inscrites ; elle achète des rentes, mais seulement lorsqu’elles sont au-dessous du pair, et augmente son capital et ses moyens de rachat à l’aide des intérêts. Après 1848, les- rachats ont été suspendus, et la Caisse n’a servi qu’à. faciliter l’équilibre des budgets par des ventes au-dessus du cours. - L’utilité de Pamortissement appliqué a l’État est très-contestable. Aucun peuple n’a amorti sa dette a l’aide de la Caisse’d’amortissement. Mieux vaudrait pour un gouvernement détruire ses coupons a mesure qu’1l les rachète, que de se payer a lui-même un intérêt qui ne le rend pas plus riche. Les rentes accumulées à la Caisse sont toujours dépensées pour des besoins extraordinaires. Elle ne sert qu’à. faire hausser les fonds publics. V. Juvigny, De Vamortissement des emprunts publtes,1833¿ L. Anionrissnxiznr, permission accordée par les anciens rois de France aux gens de mainmorte, églises et communautés religieuses, de posséder des immeubles ; Les patentes par lesquelles on donnait cette faveur s*appelaient Lettres d’amortissement. Dans l’origine, l’amortissement était gratuit ; Louis IX passe pour en avoir fait l’objet d’un droit fiscal. Outre une indemnité qu”ii fallait payer au seigneur suzerain de l’immeuble, le droit du au roi s’éleva jusqu’au tiers de cet immeuble. En 1789, il était du 5° ou du 6° ; ou bien, on payait une ou plusieurs années des revenus’de Pimmeuble. Les écoles, les maisons de charité, les cimetières, les rues et les places, échappaient au droit d’amortissement. L’amortissement fut aboli tt la Révolution, avec les autres droits féodaux. /monrissnxmzur, toute terminaison d’une forme architecturale, comme une balustrade au sommet d’une tour, une lanterne ou une boule au-dessus d’une’coupole, le fronton d’une façade, les vases et les statues des acrotères, l’archivolte d’une fenêtre, les fleurons placés 21 la. pointe des pignons, les statuettes qui surmontent les contre-forts dans certaines églises gothiques, etc. E. L. AMOUR ou CUPIDON. On le représente sous la figure d’un enfant nu, avec des ailes, un arc, et un carquois rempli de flèches, quelquefois avec un bandeau sur les yeux et une couronne de roses. Ou bien on le voit tour à tour brisant la foudre de Jupiter, ravissant les armes d’Hercule, monté sur un lion ou une panthère, portant les attributs des dieux et des héros qu’il a vaincus. Souvent il est figuré avec Psyché. Une des plus belles statues de l’Amour est celle du musée du Capitole à Rome. B. ’A1lOUII, passion de l’âme, née de l’expérience ou de I’attente d’un plaisir ; sentiment que nous éprouvons pour l’objet que nous jugeons propre ù nous le procurer. L’amour véritablement digne de ce nom est celui que nous ressentons pour les hommes, pour Dieu, pour la vérité, pour le bien et pour le beaux L’amour paternel, l’amour’maternel, l’amour filial, etc., d’ailleurs si touchants, si dignes d’être étudiés par les moralistes et décrits par les poëtes, donnent peu de prise a l’analyse philosophique. Leur objet est simple, nettement déterminé, comme celui des affections instinctives qui en sont l’origine ; et, sur cette base, ils se développent d’une manière uniforme et régulière. Il n’en est pas de même de l’amour proprement dit, c’est-a-dire de la passion qui attire l’un vers l’autre les individus de sexes difi’érents. Cette passion, très-complexe, suppose, comme éléments principaux et dans des proportions infiniment variables : 1° une affection personnelle ; 2° l’attrait de la beauté physique ou celui de la beauté morale. La part de l’affection personnelle, dans l’amour, est évidente. Cette affection peut revetir les caractères les plus variés, et parcourir les phases les plus diverses, depuis l’égoïsme jusqu’à la plus sublime abnégation. L’amour tient compte de la beauté physique ou morale de l’objet aimé, et, au besoin, la connivence de l’imagination supplée, sous ce rapport, aux imperfections de la réalité. D’où vient que c’est dans un sexe différent que nous cherchons de préférence le type de beauté, réelle ou imaginaire, qui nous séduit ? Pascal a répondu à cette question : L’homme, dit-il dans son Discours sur les passions de l’amour, n’aime pas à demeurer avec soi ; cependant il aime z il faut donc qu’il cherche ailleurs de quoi aimer. Il ne le peut trouver que dans la beauté ; mais comme il est lui-même la plus belle créature que Dieu ait jamais formée, il faut qu’il trouve dans soi-même le il modèle de cette beauté qu*il cherche au dehors. » Il la cherche ensuite au dehors, conforme à ce modèle. « lais u quoiqu’il cherche de quoi remplir le grand vide qu’il a fait en sortant de soi-même, néanmoins il ne peut pas se satisfaite par toutes sortes djobjets. Il a le cœur trop vaste ; il faut au moins que ce soit quelque chose ll qui lui ressemble, et qui en approche le plus près. C’est pourquoi la beauté qui peut contenter l’homme consiste, non-seulement dans la convenance, mais <1 aussi dans la ressemblance ; elle la restreint et elle in Yenferme dans la différence du sexe. » Ces considérations si fines et si profondes justifient ce que l’on a dit plus haut : que l’amour véritable n’est ni une passion sensuelle, ni l’afl’ection purement contemplative ïqui a retenu, assez mal a propos, le nom de Platon (. ci-dessous Aucun vcxromoua). Il esta la fois l’amour du beau et l’espoir, sinon la jouissance, du plaisir ; pour les natures élevées et délicates, il reste dissimulé et pour ainsi dire voilé par Pafïection morale et esthétique. Par les mêmes motifs, l’amour est presque toujours accomavné de désir (V Dásin) à On distingue, dit Descartes, P e - -

deux sortes d’amour ; l’une desquelles est nommée amour de bienveillance, c’est-tt-dire qui excite a vouloir du bien à ce qu’on aime ; l’autre est nommée amour de concupiscence, c’est-it-dire qui fait désirer la chose qu’on aime. » (Les Passions de l’âme, 2° partie, art. Lxxxi.) La distinction est juste ; mais, en fait, ces deux sortes d’amour se développent d’ordinaire-et grandissent en même temps l’un que l’autre. B- E. Amoun, dans la poésie, le roman, etc. - On donne généralement le nom d’amour aux sentiments et aux affections de la famille. Orateurs, moralistes, poëtes, tous les écrivains se sont exercésa les rendre, et les grands maîtres anciens et modernes en ont tiré des créations d’une immortelle beauté. - L’amour maternel, mis au théâtre par Euripide, par Racine et par Voltaire, est tantôt suppliant et pathétique, avec Hécube et Andromaque, tantôt impétueux et menaçant, avec Clytemnestre et Mérope ; il émeut par l’énergie de ses efforts contre le danger et le malheur. - L’amour paternèl, dans la prière de Priam aux pieds d’Achille, dans les reproches de Lusignan a Zaïre, à la majesté attendrissante de l’âge et de l“infortune. Dans la bouche de don Diègue et du vieil Horace, il prend un autre caractère et un autre ton ; il est héroïque, austère, inexorable aux faiblesses du cœur, en présence des lois de l’honneur et du devoir, avec lesquelles il se confond. - L’amour fraternel a été personnifié par Sophocle dans son admirable Antigone, qui sacrifie à la tendresse pour un frère, et à la religion des morts, la jeunesse, l’amour de la vic, les riantes et légitimes espérances du mariage et de la maternité. - C’est encore Antigone que Sophocle représente, avec sa sœur Ismène, comme le modèle de l’ainour filial, opposé a l’impiété d”Etéocle et de Polynice ; modèle plus irréprochable, sinon plus touchant, que la Cordélia de Shakspeare, dans le drame le Roi Lear. - L’amour conjugal, qui tient à l’amour proprement dit, mais avec la dignité sévère de ces affections primitives et simples, offre moins de matière à. l’imagination. Il n’en faut pas chercher l’expression littéraire dans le Cantique des Cantíques, ou l’amour exalté de-l’épouse pour son époux n’est que la figure des- effusions ardentes de l’amour divin et des élans de la créature qui se perd et s’abîme dans le sein de Dieu. L’amour conjugal est trop calme et trop grave pour le théâtreet le roman. On en trouvera cependant l’expression forte et intéressante dans des peintres austères, comme Milton et Corneille. La tendresse majestueuse d’Adam et d’Eve, avec la fameuse réconciliation qui suit la malédiction divine ; la sévère et éloquente affection d’Horace et de Sabine, de Polyeucte et de Pauline (une conception si neuvel), la piété conjugale de Cornélie, sans oublier, dans le théâtre grec, le généreux dévouement d’Alceste pour Admète, telles sont les plus belles formes que la poésie ait données å l*amour des époux. Mais on comprend que ces formes soient limitées. Le cours de cet amour n’admet pas, dans son égalité, d’emportements ni d’orages ; car autrement il changerait de caractère et de nature. - Les ébranlements, qui sont le caractère des grandes passions, appartiennent par excel-