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ABL ~.5 Am.prècier

si les faits dénoncés prouvent que le testateur n’avait pas le lil/re exercice de sa raison. ABJURATION, acte par lequel on abandonne une religion. Elle s’entend surtout du renoncement à une hérésie, aun schisme, pour rentrer dans le sein de Plšglise catholique. L’accession d’un idolatre, d’un juif, d’un musulman à la religion chrétienne, s’appelle corwersion ; le renoncement au christianisme en faveur de l’idolâtrie, du mosaîsme ou de l’islamisine, est dit apostasie. L’abjuration, dictée par une conviction sincère, est un acte louable ; quand elle est l’eil’et d’un calcul d’intérêt personnel, quand elle a été déterminée par les séductions, les menaces ou les supplices, elle n’a aucun caractère de moralité. Autrefois, dans les pays où l’Inquisition fut en vigueur, on distinguait trois sortes d’abjurations : 1° l’abjuration de formali, faite par un apostat ou un hérétique notoirement reconnu pour tel ; 2° l’abjuration dejve ementi, faite par le fidèle violemment-soupçonné d’hérésie ; 3° Pabjuration de levi, faite en particulier et en secret, dans la maison de l’évêque et de l’inquisiteur. L’acœ d’abjuration doit être écrit sur le registre des baptêmes, et précéder l’acte du baptême du converti. Il est’transmis aux archives du diocèse, et personne ne peut’en obtenir d’extrait. Un mineur a besoin, pour abjurer, du consentement de ses parents ou de son tuteur (Code Napol., art. 108 ; Code pénal, - art. 354 et 355). Parmi les abjurations publiques et solennelles ; nous citerons celles de Henri IV en 1593, de la reine Christine de Suède en 1655, de’l’urenne en 1668. Le trône de Russie ne pouvant être occupé que par un membre de l’église grecque, Pierre III et Catherine Il abjúrèrent le luthéranisme pour régner. L’électeur de Saxe, ’Auguste II se fit catholique en devenant roi de Pologne, 1706, et le général Bernadette, appelé à. la succession du royaume de Suède, renonça au catholicisme, 1810. - Par extension, on a donné le nom d’abjuration*n atout changement intéressé d’opinion ou de parti politique. ~ B..

ABJURATION, mot désignant : 1° dans le droit romain, la dénégation d’une dette, d’un gage, d’un dépôt, faite avec serment ; 2° dans le-droit féodal d’Angleterre, l’acte par lequel un félon jnrait de quitter le royaume pour toujours, et échappait ainsi à la peine. ’

ABLATIF, un des cas indirectsjde la langue latine, et que Varron appelle cas latin, parce qu’il est pröpre à cette langue. Priscien dísaitaussi ; Ablativus-proprtus est Romanorum. Les principaux rap’ports’qu’e’x’prime Pablatif sont ceux de départ, séparation, ’origine.’ De la son nom, qui signifie propre d ôter, d enlever, tt reträncher ; Aussi ce cas est-il employé comme complément des verbes neutres qui marquent éloignement et séparation, et comme complément indirect des verbes actifs qui renferment cette même idée. De même, l’idée d’origine, qui mène à celle de cause, d’où“ naissent celles d’instrument, de’moyen, de prix, de manière, ’s’éxprimerit en latin par Pablatif. La plupart des verbes et des adjectifs qui expriment le manque, la disette et la privation, sont accompagnés de ce’cas. Il se joint également a ceux qui marquent l’abondance, car ces verbes renferment implicitement l’idée de cause ou de moyen. Le nom de la matière dont on tire un objet s*exprime aussi par l’ablatif, mais avec lfaide d’une préposition comme ea : ou de : Vas ea : auro, templum, de marmore. Voilà pour uoi on disait aussi imminuere de aliquo, detrahere de alliquo, emére’ou mercari dealiquo. De là encore les locutions unus de nobis, unus de plebe, fllius de summo loco, pars de bonis. A l’époqiïe de l’extrême décadence, on trouve Pannus de’lana, Deus de cœlis : cet emploi de la préposition latine de explique une foule- de locutions françaises tout a fait analogues, où entre notre préposition de. - Avec les superlatifs, lesquels expriment une idée d’extraction, on emploie aussi

’ablatif, mais avec la préposition ex, quelquefois de

Acerrtmus ea ; Omnibus sensíbus (le plus pénétrant de tous les sens) ; De luis omnibus in me officizs erit hoc gratissimum (Ce sera’pour moi le plus agréable de tous les services que tu m’as rendus). Les prépositions de etc, ab, se joignent souvent aux ablatifs qui expriment le lieu d’où l’on part ou d’où l’on fait partir quelque chose : clamare de fare ; Borœe de parte fulminat ; effugere de ou ea : manibus ; venire ea : urbe ; discedere d mœnibus.-L’ahlatif, avec ou sans la préposition ab, après les verbes passifs, se rattache å l’idée de cause : Darius ab Aleazandro victus ; Divina providentiá mundus administrateur ; Mœrore conficior. - L’emploi de Pablatif pour désigner le lieu où l’on est, celui par où l’on passe, la partie de l’homme, d’un animal ou d’un objet inanimé à laquelle se rapporte une action ou un état, la distance, l’étendue, 4

la mesure, les diverses circonstances de temps, est plus difficile à expliquer que dans les exemples précédents = il faut sur ces points se borner à constater-l’usa.ge. - Un emploi remarquable de l’ablatif est sa construction avec le comparatif pour remplacer quam et un cas du nom qui sert de second terme à la comparaison, on même quam et une proposition : Virtus pretiosior auro, c.-à-d. quam aurum ; Equum habeo tuo meliorem, c.-a-d. quam tuus est, - Citius opinione, c.-a-d. quam opinio est ou fuit. L’emploi de l’ablatif est obligatoire si le second terme de la comparaison est un relatif : Ratio, qua nihil est in homíne divinius ; Amicitia, qua nihil melius homini datum est. Cet ablatif est très-rarement accompagné de la préposition prœ, dont on trouve un exemple dans les Commentaires sur la guerre des Gaules et dans Apulée.-Le mot qui indique en quoi ou à quel degré un objet est supérieur ou inférieur a un autre, se met à Pablatif : Opibus et fama inferiores ; — dimidio, paullo, multo, tanto, quanto, eo, hoc, quo melior, pejor, major, minor. Il en est de même avec les mots qui, sans avoir la forme d’un comparatif, renferment implicitement une idée de comparaison : multo ante, post, supra, aliter, secus ; multo prœstat, vincit, mavult (équivalent de mage ou magis vult). Aussi trouve-t-on chez Priscien que l’on donnait quelquefois à l’ablatif le nom de cas comparatif. - On appelle ablatif absolu, dans la syntaxe latine, une proposition qui, ne renfermant qu’un participe, a pour sujet un nom ou un pronom qui ne représente ni le sujet ni aucun des compléments de la proposition principale : Augusto impe-WWÊG. Chfistus m Jurlœa natus est ; Deo juoante, consilíum perfidies tuum ; Carthagine deleta., Romani suas in se vires verterunt. Le participe est forcément sous-entendu lorsqu’on mettrait étant en français : Cicerone consule, Catilínœ conjuration patefacta atque oppressa est. Cet emploi de l’al›latif se rattache à l’idée de temps et de moyen, et l’ablatif dit absolu peut être considéré comme un des compléments circonstanciels de la phrase dont il fait paijtie. ’ - P.

ABLEGAT (du latin légatus, envoyé, et ab, hors de), nom que l’en donnait, dans le temps oùle-latin était la langue de la diplomatie, à tout à gent diplomatique de second ordre, le légat occupant le 1" rang dans la même carrière. (Yest a peu près la distinction qu’on établit aujourd’hui entre l’ambassadeur et le simple envoyé ou ministre. La cour de Rome a encore maintenant-des ablégats chargés d’une mission spéciale et temporaires l’étranger, comme celle de porter la barrette aux cardinaux nouvellement nommés§ Il n’est pasiiécessaire qu’ils s oient prêtres, et le pape, les choisit parmi**les’membres des grandes familles, ayant tout, au1plns les ordres inférieurs ;, seulement, ils prennent pour leur mission l’habit ecclésiastique, les.bas violets et la manleletta des prélats. On les appelle aussi internonces ; et ils ont le titre de monseigneur. - ~ ’~ * B.

~ ABLÉGATION, terme de droit romain ; sentence de bannissement prononcée parle père de famille contre son fils rebelle ou coupable. *

ABLUTION (du latin abluere, laver, nettoyer), pratique religieuse qu”on retrouve dans la plupart des cultes, et qui consiste en lotions d’une espèce particulière et faites a des instants déterminés. Les ablutions, inspirées par le sentiment d’une impureté inhérente à la nature humaine ; furent d’abord de véritables bains, car on se plongeait tout entier dans l’eau ; les croyants espéraient purifier l’àme en lavant le corps ; Par Petlet des changements de mœurs et de la diversité des climats, les ablutions devinrent partielles, et finirent par n’être qu’un simulacre de la coutume primitive. Chez les Orientaux, l’ablution n’est pas seulement un actereiigieux, une préparation à. la prière, une purificationå c’est aussi une mesure d”hygiène et de propreté, indispensable dans les pays chauds, et destinée à prévenir le développement et la propagation des maladies contagieuses. Selon la religion des Hindous, l’ablution doit se faire au commencement de chaque journée, avant la prière et avant les repas ; le mode varie suivant les castes : ainsi, le Brahmine est purifié par l’eau q’ui descend jusqu’à. sa poitrine, le Kchatrya par celle qui va dans son gosier, le Vaîcya par celle qu’il› prend dans* sa bouche, le Soudra par celle qu’il touche du bout des lèvres. L’ean du Gange est principalement recommandée pour les ablutions. - Jacob,

avant d’ofl’rir un sacrifice à Béthel, ordonna à ses serviteurs de se laver. Moise imposa Pablution aux prêtres des Hébreux ; ils devaient la pratiquer avant de remplir leurs fonctions dans le temple ; la mer d’airam, vaste cuve placée dans le parvis, était destinée à cet usage. Le judalsme