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préface.

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cide. Si la rente vaut 101 fr., le second joueur paie au premier 1 fr. pour chaque rente de 5 fr. råui a été Pobjet du pari. En supposant qu’ils aient joué 1, 00 fr. de rente, comme il y a, dans 1,000 fr., deux cents fois 5 fr., le perdant paie au gagnant 200 fr. Dans la supposition où cet effet aurait baissé de 1 fr., et où le cours serait tombé à 99 fr., le joueur à la hausse paierait 200 fr. au joueur à la baisse. On agiote non-seulement sur les effets publics, mais sur toute espèce de marchandise qui se cote. Dans les ports de mer, on agiote beaucoup sur les denrées coloniales ; un joueur, comptant sur de nombreux arrivages, propose, livrables fin du mois, 100 balles de café qu’il n’aura jamais, et qu’il vend a un autre joueur qui n’a nulle intention d’acheter, mais qui compte sur une hausse ; Péchéance arrivée, le perdant paie seulement la différence entre les deux cours (V. Maacmã A Tennis, A rame.) - L’agiotage diffère essentiellement de la vente réelle : la vente est une transmission de marchandises, qui doit toujours être et qui est le plus souvent profitable aux deux parties, et qui, par suite, augmente la richesse publique ; Pagiotage est un jeu, où l’un ne gagne entièrement que ce que l’autre perd, et une opération absolument stérile pour la société. C’est, de plus, un danger et une immoralité, autant que les loteries et les maisons de jeu, parce qu’il excite la concupiscence, et habitue a des gains qu’on se procure sans travail. Il est de Pintérèt de la société de le proscrire autant que possible. Les lois du 13 fructidor an nr et du 28 vendémiaire an rv, les art. 85 et86 du Code de.commerce, 419,421 et 422 du Code pénal, frappent certaines spéculations illicites ; mais Pagiotage n’est pas sérieusement atteint. Ses partisans le défendent en disant qu’il facilité la création et soutient le crédit des grandes entreprises, et les ministres qui ont des emprunts å contracter sont trop souvent de cet avis.-Uagiotage commença en France avec la création des billets d’État et autres papiers émis par Louis XIV dans les dernières années de son règne : on jouait- alors à la baisse. Les quatre années (1717-1720) du système de Lew furent une de ses belles époques : on jouait surtout tt la hausse, et les actions s’élevèrent a 18 fois leur valeur première. Les assignats, en 1791 et années suivantes, iui ont fourni ensuite une ample matière. Sous la Restauration, on agiota sur les fonds publics, et cet agiotage a toujours subsiste depuis. En 1827 et 1828, on agiota. beaucoup 9. Paris, sur les terrains à bâtir ; de 1832 à 1834, sur les opérations industrielles ; puis, sur les mines, les chemins de fer, etc. (V. Bounsn.) L.

AGNAT, AGNATION. Les Romains distinguaient deux sortes de parenté, la parenté naturelle qu’ils appelaient cognat ton, et la parenté civile ou agnatum. Les agnats étaient les parents qui descendaient par males d’une même souche, obéissaient au même père de famille, et composaient la famille légale. Les cognats étaient les parents qui tenaient l’un à l’autre par un ou plusieurs ascendants du sexe féminin, sans unité de famille. Par exemple, deux frères consanguins, c.-à-d. fils du même père, étaient agnats ; deux frères utérins, c.-a-dire fils de pères différents, étaient coguats. Les agnats, d’après la loi des Douze Tables, étaient seuls appelés à la tutelle, quand le père de famille n’avait pas pourvu de tuteur ses enfants ; seuls ils venaient en second ordreà. l’hérédité, et les cognnts n’y furent appelés que~ plus tard, par le Droit prétorien. L’agnation subsistait après que le lien de famille avait été brisé.par la mort du père ; mais elle cessait pour celui qui sortait de la famille par l’émancipation ou par l’adoption. — La loi de succession à la couronne de France rappelle assez la législation romaine sur les agnats. L’agnation réglait autrefois la’succession des iiuchés-pairies, et elle règle encore maintenant la transmission des majorats. Dans les pays allemands et italiens tu l’on suit le Droit féodal, le plus prochain des agnats est appelé à la succession des fiefs par une espèce de substitution perpétuelle. ›

AGNEAU, symbole de la douceur et de la simplicité, sous lequel on a très-fréquemment représenté J.-C. En Iconographie chrétienne, on rencontre souvent Pagneau couché sur le livre aux sept sceaux : cette figure, tirée de l’Apocal1/psa, orne presque tous les autels, tant en peinture qu’en relief. On place souvent entre les pattes de Pagneau la croix de résurrection. On représente encore quelquefois l’agneau debout au-dessus d’un rocher, d’où s’éohappent les quatre fleuves du Paradis, symboles des quatre Evangélistes ; de plus, dans ces images mystiques, l’agneau est presque constamment nimbé. L’agneau est aussi l’attribut de S’Jean-Baptiste, précurseur de J.-C., ainsi que de S*’ Agnès, de. S"-Heine, dé SH Geneviève. AGNEL, AGNELET ouAIGNEL, ancienue monnaie d’or, fabriquée pour la 1" fois en France sous Louis VII, au titre de 23 carats, et du poids de 3 gros et demi. Elle avait pour effigie un agneau, autour duquel on lisait : Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis ; et, derrière, étaient ces mots : Christus oincit, Christus régnat, Christus imperat. Louis IX fit frapper des agnelets du poids de 4S’,091, au titre de 990, et valant 12 sous d’argent et 6 deniers (13 fr. 95 centimes) ; ceux du roi Jean, pesant 4ë’,707, valaient, en monnaie actuelle, 16 fr. 50 c. On en frappa jusqu’à Charles VII. Les agnelets étaient aussi nommés moutons d’or d la grande laine, ou à. la petite laine.

AGNUS DEI, prière de la liturgie catholique romai/ne qui commence par ces mots, et dont le texte a été tiré du IH chap. de l’Évangile de S’Jean. Elle est placée à la messe entre le Pater et la Communion. Longtemps le chœur seul la chanta : puis l’usage s’établit pour le célébrant de la réciter ; on la répète trois fois. Jusqu’au xi’siècle, les trois Agnus finissaient par miserere nobis, usage qui s’est même conservé dans la basilique romaine de S’-Jean-de-Latran : ces mots furent remplacés, au troisième Agnus, par Dona nobis pacem, à cause de quelques troubles qui éclatèrent dans l’Église. A chaque Agnus, le prêtre officiant se frappe la poitrine, à moins que ce ne soit une messe des morts. Dans les messes chantées, l’Agnus, ainsi que le K1/TÎ8, le Gloria, le Credo et le Sanctus, a un chant propre a chaque degré de féte et à chaque temps. Dans les messes de Requiem, les deux premiers Agnus se terminent par dana eis requiem, au lieu de miserere nobis ; au 3°, on ajoute encore sem¿pitemam, au lieu de la formule ordinaire dona. nobis pacem. Le missel ambrosien ne met l’Agnus Dei qu’aux messes desmorts. B.

Aouus DEI, nom donné d’abord a des agneaux de cire faits avec les restes du cierge pascal, bénits le samedi saint par l’archidiacre de Latran, et distribués au peuple pendant l’octave de Pâques, puis à des morceaux de cire ronds et plats, sur lesquels est empreinte l’image d’un agneau portent le labarum ou étendard de la croix, ou -bien la figure de S’Jean, avec le nom du pape régnant et l’année de son pontificat. Le pape bénit des Agnus en grand nombre, le samedi in albis qui suit sa consécration, et ensuite de 7 ans en’l ans pendant la durée de son pontificat. Cette coutume date au moins du v’siècle, puisqu’au trouva en 1544 un Agnus en cire dans le tombeau de la femme de l’empereur Honorius. Les fidèles portaient les Agnus pour s’attirer les faveurs célestes, ou les gardaient comme un préservatif contre le mal. Les orfévres en enchâssaient dans les monstrances ou dans des médaillons. Les laïques ne pouvant toucher les Agnus, on enveloppe ces objets bénits dans des sachets d’étoffe. ’ B.

AGOGE, terme de la musique grecque, en latin duotus, désignait, comme notre mot mouvement, tantôt la progression ascendante (ductus rectus) ou descendante šductus reversus) des sons, tantôt le degré de viteïe de la mesure..

AGOLANT (Chanson d’). V. Asrnsmour.

AGONISTIQUE, partie de la gymnastique des Anciens, celle ou les athlètes luttaient tout armés. AGORA, nom donné à la place publique *dans les villes de l’ancienne Grèce. En général, l’Agora était de forme carrée ou quadrangulaire ; toutefois, cette forme pouvait être modifiée selon les exigences de la configuration du sol. Autour de la place régnaient des portiques à un ou deux rangs de colonnes, couronnés par des terrasses ; s”ils étaient ornés de peintures, on les nommait Pœciles. A Mégare et à Athènes, les magistrats rendaient la justice sous ces portiques. L’Agora servait aux assemblées du- peuple ; å Elis, selon Pausanias, on y donnait des courses de chevaux ; ailleurs, on y vendait les denrées. Dans l’enceinte s’élevaient souvent des temples, des autels, ou des statues. - L’Agora le plus célèbre, au moins pour les modernes, est celui d’Athè :1es, situé dans le Céramique, au sud de l’Acropole (V. ce mot) et de la colline de l’Aréopage, au N.-E. de celle du Musée ; cette place mesurait 450 mèt. de long du N. au S., et 300 de large du S.-0. au N.-E., environ un tiers de plus que la place de la Concorde, à Paris. Le Pnyx (V. ce mot) la dominait au N.-0. Elle était irrégulière et ornée de plusieurs édifices importants : le Portique royal ; celui des 12 grands Dieux ; le Métreon ou temple de Cybèle ; le Bouleuterion, lieu d’assemblée du sénat ; le Tholus, demeure des anciens rois d’Athènes puis des Prytanes, et le Pécilé ’(V. va mot). On ÿ voyait aussi beaucoup d’her-.