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LE SERVITEUR

Grâce au jardin et grâce au champ, nous pouvons nous dispenser d’acheter des légumes. Pour y arriver il faut marcher trois ou quatre minutes : ils sont situés sous le mur du cimetière. Le terreau du jardin s’étend sur un plan nettement horizontal, grâce à la terre rapportée que maintient un mur de pierres sèches le long duquel court une vigne qui, pas plus que celle de la maison, ne suffit à nourrir les guêpes. Ici et là, tu as beau mettre du fumier. Nous pourrions boire de l’eau de notre fontaine : jamais nous ne boirons du vin de nos trois pieds de vigne. À peine pouvons-nous manger quelques-uns de leurs raisins, de ceux du moins dont n’ont pas voulu les guêpes. Notre pays est trop austère pour que jamais la joie du vin ruisselle à torrents de ses entrailles de granit. Nous ne sommes plus ici à Tour-de-Pré. Le champ dévale, presque en pente raide, vers le bois de la Cascade. Il y a le carré des pommes de terre pour nous, le carré du trèfle pour les lapins, les carrés de blé de Turquie et d’avoine pour les poules. Dans le jardin ce sont des poiriers et des pommiers, des choux, des carottes et des poireaux, du persil, du cerfeuil, de l’ail et de la salade. On n’a qu’à