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LE SERVITEUR

Il était sérieux comme un fils de notaire qui se prépare à faire de bonnes études de droit, et qui serait venu au monde avec deux touffes de favoris poivre et sel. Il picorait avec dignité, laissant ses frères se battre, plumes hérissées, cou gonflé, pour rien, pour moins que rien, par humeur querelleuse.

À tout propos tu te servais de lui comme de terme de comparaison.

— C’est comme Jules Ferry, disais-tu.

Ainsi il était mis à toutes les sauces, en attendant…

Souvent aussi tu parlais de l’article sept. Pour moi ces deux mots pareillement n’en faisaient qu’un, mais, à l’accent dont tu les prononçais, ils ne me disaient rien qui vaille. Et il était rare qu’en même temps tu ne parles point de Jules Ferry. Je me demandais quelles accointances il pouvait y avoir entre un article et notre poulet. Mais ces questions, je ne me les posais qu’à moi-même, et j’étais bien incapable d’y répondre. Tout l’été passa ainsi. Le quinze août amena les grandes vacances, et le premier mardi d’octobre la rentrée. Le ciel se mit une voilette de brume grise. J’avais eu le temps de