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LE SERVITEUR

des heures qui ne t’étaient pas payées, voici que tu étais obligé de remettre tes fonctions entre les mains d’un autre. Cette fois le centre de ta vie était définitivement déplacé. Dans cette situation que tu n’avais pas prévue, tu tournais sur toi-même comme pour te retrouver. Et tu ne te retrouvais pas.

Du moins pouvais-tu encore aller à la messe, jusqu’au jour où tu m’écrivis :

« Cette fois-ci, ça ne va plus du tout. C’est de pire en pire. Je suis allé à la messe le jour de la Toussaint, mais j’ai bien manqué y rester, j’ai cru que j’allais étouffer complètement. Aussi je n’y suis pas retourné depuis. »

Je devine combien il a dû t’en coûter.

Jusqu’au jour où, te couchant, tu ne sus pas que tu ne te lèverais jamais plus. Je ne parlerai point de tes souffrances : là encore tu fus un résigné.

Mais tu es retourné à l’église. J’ai revu les tentures noires et les têtes de morts. Toi qui avais assisté à tant d’enterrements, il me semblait te voir aller et venir autour de ton corps. Ma pauvre mère pleurait silencieusement. Et, comme lorsque j’étais enfant de chœur et que